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les mille nuits et une nuit

plus aimé, et qui, tout à coup, un jour, disparut. Et nous n’en avons plus entendu parler. Mais il y a encore ici, à Bassra, sa mère, l’épouse de ton frère Noureddine, la fille de mon vieux vizir le prédécesseur de Noureddine. »

À cette nouvelle Chamseddine fut au comble de la joie, et dit : « Ô roi ! je voudrais bien voir ma belle-sœur ! » Et le roi le lui permit.

Aussitôt Chamseddine courut vers la demeure de son défunt frère Noureddine, après s’en être fait donner l’adresse et la direction, et ne tarda pas bien-tôt à y arriver, tout en pensant, en route, à son frère Noureddine mort loin de lui dans la tristesse de ne l’avoir pu embrasser ! Et il pleura, et il se récita ces deux strophes :

Oh ! que je retourne vers la demeure de mes nuits passées ! Et que j’en embrasse les murs, tout autour !

Mais ce n’est point l’amour des murs de la maison qui m’a blessé au milieu du cœur, mais l’amour de celui qui habitait la maison !

Il pénétra par une grande porte dans une grande cour, au fond de laquelle s’élevait la maison. La porte de la maison était une merveille de granit et d’arceaux, avivée par des marbres de toutes les couleurs. Au bas de cette porte, sur un marbre magnifique, il trouva le nom de Noureddine, son frère, gravé en lettres d’or. Alors il s’inclina, et baisa le nom et fut très ému et pleura en se récitant ces strophes :