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les mille nuits et une nuit

« Mais c’est le vizir ! » Et Agib lui répondit en pleurant : « Oh, non ! il n’est pas mon père ! Ne me cache pas la vérité ! Le vizir est ton père, à toi ! Mais il n’est pas mon père ! Non, non ! Dis-moi la vérité ou je vais tout de suite me tuer avec ce poignard-ci ! » Et le petit Agib répéta à sa mère les paroles du maître d’école.

Alors, au souvenir de son cousin et mari, la belle Sett El-Hosn se mit à se rappeler sa première nuit de noces et toute la beauté et tous les charmes du merveilleux Hassan Badreddine El-Bassri ! Et, à ce souvenir, elle pleura d’émotion, et soupira ces strophes :

Il alluma le désir dans mon cœur et s’en alla au loin ! Il s’en alla hors de la demeure !

Ma pauvre raison partie ne reviendra qu’à son retour ! Mais moi, en attendant, j’ai perdu le sommeil apaisant et toute ma patience !

Il me quitta, et avec lui mon bonheur me quitta, et il me ravit le repos ! Et depuis lors j’ai perdu tout repos !

Il me quitta, et les larmes de mes yeux pleurent son absence ; elles coulent et leurs ruisseaux rempliraient les mers ;

Qu’un jour puisse se passer sans que mon désir ne me reporte vers lui, sans que mon cœur ne palpite de la douleur de son absence,

Aussitôt son image se lève devant moi, se lève devant mon âme, et je redouble d’amour, de désirs et de souvenirs !

Oh ! c’est toujours lui dont l’image aimée se pré-