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histoire du vizir noureddine…
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Alors Agib sentit sa poitrine se rétrécir, et fut étranglé par les sanglots ! Mais aussitôt le maître d’école s’approcha de lui et lui dit : « Comment, Agib, ne sais-tu pas encore que le vizir n’est point ton père, mais ton grand-père, le père de ta mère Sett El-Hosn ! Quant à ton père, ni toi, ni nous, ni personne ne le connaît. Car le sultan avait marié Sett El-Hosn au palefrenier bossu ; mais le palefrenier ne put coucher avec Sett El-Hosn, et il a raconté par toute la ville que, la nuit de ses noces, les genn l’avaient enfermé, lui palefrenier, pour coucher, eux, avec Sett El-Hosn. Et il a raconté aussi des histoires étonnantes de buffles et d’ânes et de chiens et autres êtres semblables. Ainsi donc, Agib, nul ne connaît le nom de ton père ! Sois donc humble devant Allah et tes camarades qui te considèrent comme un fils adultérin. D’ailleurs, Agib, tu es absolument dans la même situation qu’un enfant vendu sur le marché qui ne connaîtrait point son père. Encore une fois, sache que le vizir Chamseddine est ton grand-père seulement, et que ton père est inconnu. Sois donc modeste dorénavant. »

À ce discours du maître d’école, le petit Agib s’enfuit en courant chez sa mère Sett El-Hosn, et il était tellement étranglé par les pleurs qu’il ne put d’abord rien articuler. Alors sa mère se mit à le consoler, et, le voyant tellement ému, son cœur fondit de pitié, et elle lui dit : « Mon enfant, dis à ta mère la cause de ce chagrin ! » et elle l’embrassa et le caressa. Alors le petit Agib lui dit : « Dis-moi, ma mère, quel est mon père ? » Et Sett El-Hosn fort étonnée lui dit :