Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
les mille nuits et une nuit

dition de dire à haute voix son nom et le nom de son père et de sa mère ! Car celui qui ne pourra pas dire le nom de son père et de sa mère sera considéré comme un fils adultérin et ne pourra jouer avec nous ! »

Aussi, le matin, à l’arrivée d’Agib à l’école, les enfants se réunirent autour de lui, se concertèrent entre eux, et l’un d’eux s’écria : « Ah, vraiment oui ! c’est un jeu merveilleux ! Mais nul ne pourra jouer à ce jeu qu’à la condition de dire son nom et le nom de son père et de sa mère ! Allons ! chacun à son tour ! » Et il leur cligna de l’œil.

Alors un des enfants s’avança et dit : « Moi, je m’appelle Nabih ! Ma mère s’appelle Nabiha ! Et mon père s’appelle Izeddine ! » Puis un autre s’avança et dit : « Moi, je m’appelle Naguib ! Ma mère s’appelle Gamila ! Et mon père s’appelle Mustapha ! » Puis le troisième et le quatrième et d’autres aussi dirent de la même manière. Quand vint le tour d’Agib, Agib très fier dit : « Moi, je suis Agib ! Ma mère est Sett El-Hosn ! Et mon père est Chamseddine, vizir d’Égypte ! »

Alors les enfants s’écrièrent tous : « Non, par Allah ! le vizir n’est point ton père ! » Et Agib furieux s’écria : « Qu’Allah vous confonde ! Le vizir est mon père, en vérité ! » Mais les enfants se mirent à ricaner et à frapper des mains, et lui tournèrent le dos en lui criant : « Va-t’en ! tu ne connais pas le nom de ton père ! Chamseddine n’est point ton père ! C’est ton grand-père, le père de ta mère ! Tu ne joueras pas avec nous ! » Et les enfants se débandèrent en éclatant de rire.