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histoire du vizir noureddine…
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son père en tous points, aussi beau ! aussi gentil ! aussi parfait ! À sa naissance, les femmes le nettoyèrent et lui noircirent les yeux avec du kohl ; puis on lui coupa le cordon, et on le confia aux bonnes et à la nourrice. Et, à cause de sa beauté surprenante, on le nomma Agib[1].

Lorsque l’admirable Agib eut atteint, jour par jour, mois par mois, année par année, l’âge de sept ans, le vizir Chamseddine, son aïeul, l’envoya à l’école d’un maître fort réputé, et le recommanda beaucoup à ce maître d’école. Et Agib, tous les jours, accompagné de l’esclave noir Saïd, le bon eunuque de son père, allait à l’école, pour revenir à midi et le soir à la maison. Et il alla ainsi à l’école durant cinq ans, jusqu’à ce qu’il eût ainsi atteint l’âge de douze ans. Mais, pendant ce temps, Agib s’était rendu insupportable aux autres enfants de l’école ; il les battait et les injuriait et leur disait : « Qui de vous est comme moi ? Je suis le fils du vizir d’Égypte ! » À la fin, les enfants se réunirent, et allèrent porter plainte au maître d’école contre les mauvais procédés d’Agib. Alors le maître d’école, qui voyait que les exhortations au fils du vizir étaient vaines et qui, à cause de son père le vizir, ne voulait pas lui-même le renvoyer, dit aux enfants : « Je vais vous enseigner une chose que vous lui direz, et qui l’empêchera dorénavant de revenir à l’école. Demain donc, pendant le temps du jeu, réunissez-vous tous autour d’Agib et dites-vous les uns aux autres : « Par Allah ! nous allons jouer à un jeu fort intéressant ! Mais nul ne pourra prendre part à ce jeu qu’à la con-

  1. C’est-à-dire : Merveilleux.