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les mille nuits et une nuit

Alors Hassan Badreddine, de Bassra, se mêla à la foule, et manœuvra si bien qu’il arriva en tête du cortège, aux côtés du bossu. C’est alors que toute la beauté de Hassan parut dans son merveilleux éclat. D’ailleurs, Hassan était toujours habillé de ses habits somptueux de Bassra : sur la tête, il avait comme coiffure un tarbouche entouré d’un magnifique turban de soie, tout brodé or et argent, et roulé à la mode de Bassra ; et il avait un manteau tissé avec la soie entremêlée de fils d’or. Et cela ne faisait que rehausser son air imposant et sa beauté.

Chaque fois donc qu’une chanteuse ou une danseuse se détachait du groupe des joueurs d’instruments, durant la marche du cortège, et s’approchait de lui, en face du bossu, aussitôt Hassan Badreddine plongeait la main dans sa poche et, la retirant pleine d’or, il jetait cet or par grosses poignées tout autour de lui, et il en mettait aussi de grosses poignées dans le petit tambour à grelots de la jeune danseuse ou de la jeune chanteuse, et le leur remplissait chaque fois ; et cela avec une façon et une grâce sans pareilles.

Aussi toutes ces femmes, ainsi que toute la foule, étaient dans la plus grande admiration, et, de plus, tous étaient ravis de sa beauté et de ses charmes.

Le cortège finit par arriver au palais. Là, les chambellans écartèrent la foule, et ne laissèrent entrer que les joueurs d’instruments et la troupe des danseuses et des chanteuses, derrière le bossu. Et personne autre.

Alors les chanteuses et les danseuses, à l’unanimité, interpellèrent les chambellans et leur dirent :