Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du vizir noureddine…
269

Puis il lui dit : « Conserve soigneusement cette feuille de papier. Et si, par la force du destin, il t’arrivait un malheur dans ta vie, retourne dans le pays d’origine de ton père, là où je suis né, moi ton père Noureddine, au Caire la ville prospère ; là tu demanderas l’adresse de ton oncle le vizir, qui demeure dans notre maison ; et salue-le de ma part en lui transmettant la paix, et dis-lui que je suis mort, affligé de mourir à l’étranger, loin de lui, et qu’avant de mourir je n’avais d’autre désir que de le voir ! Voilà, mon fils Hassan, les conseils que je voulais te donner. Je te conjure donc de ne pas les oublier ! »

Alors Hassan Badreddine plia soigneusement le papier, après l’avoir sablé et séché et scellé avec le sceau de son père le vizir ; puis il le mit dans la doublure de son turban, entre l’étoffe et le bonnet, et le cousit ; mais, pour le préserver de l’humidité, il prit bien soin, avant de le coudre, de le bien envelopper d’un morceau de toile cirée.

Cela fait, il ne songea plus qu’à pleurer en baisant la main de son père Noureddine, et en s’affligeant à cette pensée qu’il devait rester seul, tout jeune encore, et être privé de la vue de son père : Et Noureddine ne cessa de faire ses recommandations à son fils Hassan Badreddine jusqu’à ce qu’il rendît l’âme.

Alors Hassan Badreddine fut dans un grand deuil et le sultan aussi, ainsi que tous les émirs, et les grands et les petits. Puis on l’enterra selon son rang.

Quant à Hassan Badreddine, il fit durer deux mois les cérémonies du deuil ; et, pendant tout ce