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les mille nuits et une nuit

femme de Chamseddine, vizir d’Égypte, accoucha d’une fille qui n’avait pas sa seconde en beauté dans toute l’Égypte ; et la femme de Noureddine, à Bassra, mit au monde un fils qui n’avait pas son second en beauté dans le monde entier de son temps ! Comme dit le poète :

L’enfant !… Est-il gentil ! et fin ! et sa taille !… Boire à même sa bouche ! boire cette bouche et oublier les coupes pleines et les vases débordants !

Boire à ses lèvres, se désaltérer à la fraîcheur de ses joues, se mirer aux sources de ses yeux, oh ! et oublier la pourpre des vins, leurs arômes, leur saveur et toute l’ivresse !

— Si la Beauté en personne venait se mesurer à cet enfant, la Beauté baisserait la tête de confusion !

Et si tu lui demandais : « Ô Beauté ! que penses-tu ? As-tu jamais vu son pareil ? » Elle répondrait : « Comme lui ? en vérité, jamais ! »

Le fils de Noureddine, à cause de sa beauté, fut nommé Hassan Badreddine[1].

Sa naissance fut une occasion de grandes réjouissances publiques. Et le septième jour après sa naissance, on donna des festins et des banquets vraiment dignes des fils des rois.

Une fois les fêtes terminées, le vizir de Bassra prit Noureddine et monta avec lui chez le sultan. Alors Noureddine baisa la terre entre les mains du sultan, et, comme il était doué d’une grande éloquence de langage, d’un cœur vaillant, et très ferré

  1. Hassan : le Beau ; Badreddine : la Pleine Lune de la Religion.