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les mille nuits et une nuit

avec le voile et le tapis et la mis dans la caisse, que je clouai. Je chargeai la caisse sur ma mule et j’allai tout de suite la jeter dans le Tigre, et cela de mes propres mains !

« Ainsi donc, ô commandeur des Croyants, je vous supplie de hâter ma mort en punition de mon crime, que j’expierai de la sorte, car j’ai bien peur d’en rendre compte au jour de la Résurrection !

« Je la jetai donc dans le Tigre, sans être vu de personne, et je revins à la maison. Et je trouvai mon fils aîné qui pleurait ; et, quoique je fusse certain qu’il ignorait la mort de sa mère, je lui demandai pourtant : « Pourquoi pleures-tu ? » Il me répondit : « C’est parce que j’avais pris une des pommes qu’avait ma mère, et que, comme j’étais descendu dans la rue pour jouer avec mes frères, j’ai vu un grand nègre qui passa près de moi et m’arracha la pomme des mains et me dit : « D’où est venue cette pomme ? » Je lui répondis : « Elle m’est venue de mon père, qui était parti et l’avait rapportée à ma mère avec deux autres semblables achetées à Bassra pour trois dinars. » Malgré mes paroles, le nègre ne me rendit pas la pomme, il me frappa et s’en alla avec ! Et moi, maintenant j’ai peur que ma mère ne me frappe à cause de la pomme ! »

« À ces paroles de l’enfant, je compris que le nègre avait émis des propos mensongers sur le compte de la fille de mon beau-père et qu’ainsi je l’avais injustement tuée !

« Alors je me mis à verser d’abondantes larmes, puis je vis arriver mon beau-père, ce vénérable cheikh qui est ici avec moi. Et je lui racontai la