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histoire du portefaix…
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Mais, si tu ne peux t’en servir pour écrire des donations, du moins que tu t’y plonges pour la beauté ! Et, de la sorte, tu seras parmi ceux qui comptent parmi les plus grands des écrivains !

Quand j’eus fini d’écrire, je leur tendis le rouleau de parchemin. Et tous furent dans la plus grande admiration, puis chacun inscrivit à tour de rôle une ligne de sa plus belle écriture.

Après quoi, les esclaves s’en allèrent porter le rouleau au roi. Lorsque le roi eut pris connaissance de toutes les écritures, il ne fut satisfait que de mon écriture à moi, qui était faite de quatre manières différentes, et pour laquelle j’étais réputé dans le monde entier, quand j’étais encore fils de roi.

Alors le roi dit à tous ses amis qui étaient présents et à ses esclaves : « Allez tous auprès du maître de cette belle écriture, et donnez-lui cette robe d’honneur pour qu’il s’en revête, et faites-le monter sur la plus belle de mes mules, et portez-le en triomphe aux sons des instruments, et amenez-le entre mes mains ! »

À ces paroles, tous se mirent à sourire. Et le roi, qui s’en aperçut, fut très fâché et s’écria : « Comment ! je vous donne un ordre, et vous riez de moi ! » Et ils répondirent : « Ô roi du siècle, nous prendrions bien garde de rire de tes paroles ! mais nous devons te dire que celui qui a écrit cette écriture si belle n’est point un fils d’Adam, mais un singe qui appartient au capitaine du navire ! » Alors le roi fut prodigieusement étonné de leurs paroles, puis il se convulsa d’aise et d’hilarité, et s’écria :