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les mille nuits et une nuit

Mais le premier saâlouk lui répondit : « Ô ma maîtresse, vraiment je ne m’en irai que lorsque j’aurai entendu le récit de tous mes compagnons que voici. »

Pendant ce temps, toute l’assistance était émerveillée de cette histoire étonnante, et le khalifat dit même à Giafar : « Certes, de ma vie je n’ai entendu une aventure pareille à celle de ce saâlouk ! »

Alors le premier saâlouk alla s’asseoir en se croisant les jambes ; et le deuxième saâlouk s’avança, baisa la terre entre les mains de la jeune maîtresse de la maison, et raconta ceci :



HISTOIRE DU DEUXIÈME SAÂLOUK


« Vraiment, ô ma maîtresse, moi je ne suis pas né borgne. Mais mon histoire, que je vais te raconter, est si étonnante que, si elle était écrite avec l’aiguille sur le coin intérieur de l’œil, elle servirait de leçon à qui est capable de s’instruire !

Tel que tu me vois, je suis roi, fils de roi ! Sache aussi que je ne suis point un ignorant : j’ai lu le Koran ; j’en ai lu les sept narrations ; j’ai lu aussi les livres capitaux, les livres essentiels des maîtres de la science ; j’ai lu la science des astres et les paroles des poètes. Enfin, je me suis appliqué tellement dans l’étude de toutes les sciences, que j’ai surpassé tous les vivants de mon siècle.