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les mille nuits et une nuit

mesure d’olives qu’elle mit dans la hotte, en disant au portefaix : « Porte cela et suis-moi ! » Et le portefaix s’écria : « Par Allah ! quel jour béni ! » Et il porta la hotte et suivit la jeune femme. Elle s’arrêta devant la boutique d’un fruitier et acheta des pommes de Syrie, des coings osmani, des pêches d’Oman, des jasmins d’Alep, des nénuphars de Damas, des concombres du Nil, des limons d’Égypte, des cédrats sultani, des baies de myrthe, des fleurs de henné, des anémones rouge-sang, des violettes, des fleurs de grenadier et des narcisses. Et elle mit le tout dans la hotte du portefaix et lui dit : « Porte ! » et il porta et la suivit jusqu’à ce qu’elle fût arrivée devant un boucher auquel elle dit : « Coupe dix artal[1] de viande. » Il coupa les dix artal ; et elle les enveloppa avec des feuilles de bananier, les mit dans la hotte, et dit : « Porte, ô portefaix ! » Il porta et la suivit pour s’arrêter devant le vendeur d’amandes, chez qui elle prit de toutes les espèces d’amandes, et dit : « Porte et suis-moi ! » Et il porta la hotte et la suivit jusque devant la boutique du marchand de douceurs ; là elle acheta un plateau et le couvrit de tout ce qu’il y avait chez le marchand : des entrelacs de sucre au beurre, des pâtes veloutées parfumées au musc et farcies délicieusement, des biscuits appelés saboun, des petits pâtés, des tourtes au limon, des confitures savoureuses, des sucreries appelées mouchabac, des petites bouchées soufflées appelées loucmet-el-kadi, et d’autres appelées assabih-zeinab, faites au beurre, au miel et au

  1. Artal, pluriel de ratl, poids variant, selon les contrées, entre deux et douze onces.