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Et on dit, Appeller au combat, appeller en duel, pour dire, Envoyer deffier.

Appeller, Se dit aussi, Du cri dont les animaux se servent pour faire venir à eux ceux de leur mesme espece. Le masle appelle sa femelle. la brebis appelle son agneau. la vache appelle le taureau. la poulle appelle ses poussins.

Appeller, Se dit pareillement De toutes les choses dont le son sert de signe, pour faire qu’on se trouve en quelque lieu. Les cloches appellent à l’Eglise. la trompette appelle au combat. j’entends l’heure qui m’appelle.

Appeller, Se dit figurément De tout ce qui excite, qui oblige à se trouver en quelque endroit pour quelque chose que ce puisse estre. J’iray où l’honneur m’appelle. la charité vous y appelle. mes affaires m’appellent ailleurs.

Appeller, Se dit aussi, Des Inspirations que Dieu nous envoye, & des marques, soit exterieures, soit interieures, par lesquelles il nous fait connoistre quelle est sa volonté. Il ne faut pas resister quand Dieu nous appelle. Dieu appella saint Paul à l’Apostolat. il a voulu appeller les Idolatres, les Gentils à la Foy. Dieu l’appelle à l’estat Ecclesiastique. Dieu ne vous veut point dans le monde, il vous appelle dans la solitude, dans un Monastere.

Il se dit aussi par extension, Du penchant, de l’inclination que l’on a pour un estat, pour une profession plustost que pour une autre. Cet homme n’a aucune disposition pour la guerre, il n’estoit point appellé à ce mestier-là.

Appeller, Sign. aussi, Citer, Faire venir devant le Juge. On l’a fait appeller pour se voir condamner à payer une somme. appeller quelqu’un en tesmoignage. appeller en garantie. le Juge a ordonné que les parties seroient appellées. Et dans une acception à peu prés semblable, pour dire, qu’Une personne est morte, on dit, que Dieu l’a appellé.

Appeller, est aussi n. Et sign. Provoquer d’un Juge subalterne, à un Juge superieur, & porter devant luy une cause, comme ayant esté mal jugée. Il a appellé de cette Sentence. il a appellé du Présidial au Parlement. appeller comme de Juge incompetent.

On dit, Appeller comme d’abus, pour dire, Appeller à un Tribunal Laïque, d’un jugement Ecclesiastique, qu’on prétend avoir esté mal & abusivement rendu.

On dit fig. Dans le discours familier, qu’On en appelle, Quand on ne consent pas à quelque chose, à quelque proposition. Vous me condamnez à cela, j’en appelle.

On dit aussi, dans le style familier, en parlant d’Un homme revenu d’une grande maladie, qu’Il en a appellé.

Appellé, ée. part. Il a les sign. de son verbe.

Il s’employe en parlant du Mystere de la Predestination, suivant l’expression de l’Escriture. Beaucoup d’appellez, & peu d’Elus.

APPENDRE. v. a. Pendre, attacher à une voute, à des pilliers, à une muraille. Il ne se dit guere que des choses que l’on offre, que l’on consacre dans une Eglise, dans un Temple, en signe de reconnoissance. Appendre une offrande à une chapelle. appendre des Estendards à la voute d’une Eglise. c’est une coustume fort ancienne d’appendre dans les Temples, les Enseignes prises sur les Ennemis.


Appendu, ue. part.

APPENTIS. s. m. Bastiment bas & petit, qui est appuyé contre un plus haut, & dont la couverture n’a qu’un égoust. Il a fait bastir un petit appentis. se mettre à l’abry de la pluye sous un appentis. il faut faire là un appentis pour servir de remise.

APPERCEVOIR. v. a. Commencer à voir, découvrir. En passant par une telle ruë, il apperceut celuy qu’il cherchoit. nous vous avons apperceu de loin.

Appercevoir, est aussi n. p. & signifie, Connoistre, remarquer. Il s’apperceut du piege qu’on luy tendoit. il y a long-temps que je me suis apperceu qu’il n’est pas de mes amis. il cache si bien son dessein, qu’il est difficile de s’en appercevoir.

Apperceu, eue. part.

APPESANTIR. v. a. Rendre plus pesant, moins propre pour le mouvement, pour l’action. L’âge, la vieillesse, l’oisiveté, la faineantise, appesantit les corps. sa derniere maladie l’a beaucoup appesanti.

Il se dit fig. En parlant Des fonctions de l’esprit. L’âge ne luy a point encore appesanti l’esprit.

Il se dit encore figurément, En parlant de la colere de Dieu, des chastiments qu’il envoye aux pecheurs, aux peuples : Et ainsi on dit, que Dieu a appesanti sa main, a appesanti son bras sur ces gens-là, pour dire, qu’Il a augmenté leurs malheurs, leurs miseres.

Il est aussi n. p. & signifie, Devenir plus pesant. Les corps s’appesantissent par l’oisiveté, & par un trop long repos.

On dit, D’un Peintre, d’un Escrivain, d’un Chirurgien, Que Sa main s’appesantit, commence à s’appesantir, pour dire, qu’Il a la main moins legere, moins propre pour son travail : Et on dit, Que Les yeux, les paupieres, commencent à s’appesantir, pour dire, Que l’envie de dormir commence à prendre, & fait fermer les yeux.

Appesantir, Se dit aussi fig. dans le n. p. soit en parlant Des fonctions de l’esprit humain, soit en parlant Des effets de la colere de Dieu. Son esprit baisse & s’appesantit de jour en jour. la main de Dieu s’est appesantie sur ces peuples-là.

Appesanti, ie. participe.

APPESANTISSEMENT. s. m. v. L’estat d’une personne appesantie, soit de corps, soit d’esprit, par l’âge, par la maladie, par le sommeil, &c. Il est dans un grand appesantissement. appesantissement d’esprit.

APPETER. v. a. Il n’a d’usage que dans les matieres de Physique, & l’è de la seconde syllabe se prononce fermé, Desirer par instinct, par inclination naturelle, indépendamment de la raison. L’estomach appete les viandes. la femelle appete le masle.

Il se dit aussi, Des choses inanimées qui semblent se porter naturellement à ce qui convient à leur nature. Chaque chose appete le centre, appete ce qui luy est convenable.

Appeté, ée. participe.

APPETISSANT, ANTE, adject. verbal. Qui donne de l’appetit, qui excite l’appetit. Viande appetissante. cela n’est guere appetissant.

On dit, D’une jeune personne bien faite, & d’une belle santé, qu’Elle est appetissante.


Dict. de l’Ac. Fr. Tome I. K ij

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