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APO APO 71

Il se dit aussi De tout discours qui a l’air de sentence ou de maxime. Il ne parle que par apophthegmes.

APOPLECTIQUE. adj. Qui appartient à l’apoplexie, Qui menace d’apoplexie. Symptome apoplectique. Il se dit aussi Des remedes dont on se sert contre l’apoplexie. Du baume apoplectique.

APOPLEXIE. s. f. Maladie qui attaque le cerveau, & qui oste tout à coup le mouvement & le sentiment. Apoplexie de sang. fausse apoplexie. estre frappé d’apoplexie. tomber en apoplexie. estre menacé d’apoplexie. estre attaqué d’apoplexie. mourir d’apoplexie.

APOSÉME. s. m. Voy. APOZEME.

APOSTASIE. s. f. Le crime d’un Chrestien qui renonce à sa Religion. Tomber dans l’apostasie. Il se dit aussi Du crime d’un Religieux qui renonce à ses voeux & à son habit.

APOSTASIER. v. n. Tomber dans le crime d’apostasie. Il se dit, & d’Un Chrestien qui renonce à la foy, & d’Un Religieux qui renonce à ses voeux & à son habit. Le plus grand crime qu’un Chrestien puisse commettre, c’est d’apostasier. le libertinage a fait apostasier ce Religieux.

APOSTAT. adj. m. Celuy qui a quitté la vraye Religion. Julien l’Apostat.

Il se dit aussi d’un Religieux qui renonce à ses voeux & à son habit. Un Moine Apostat.

Il s’employe au subst. en parlant d’Un homme qui a renoncé à la foy, ou d’Un Religieux qui a renoncé à ses voeux. C’est un Apostat.

APOSTER. v. a. Corrompre, gagner des gens, pour les engager à faire une meschante action. Aposter des vagabonds pour faire une insulte à quelqu’un. des tesmoins qu’on a apostez pour charger un innocent. on avoit aposté un Notaire pour signer aussi-tost le testament.

Aposté, ée. part.

APOSTILLE. s. f. Addition faite à la marge d’un escrit, ou au bas d’une lettre. Il y avoit deux lignes en apostille. l’apostille d’une lettre. aprés sa lettre escrite il mandoit par apostille.

APOSTILLER. v. a. Mettre des remarques à costé d’un escrit. Le Ministre avoit apostillé les despesches de l’Ambassadeur.

Apostillé, ée. part.

APOSTOLAT. s. m. Le Ministere d’Apostre. S. Paul fut appellé à l’Apostolat par une voye miraculeuse.

APOSTOLIQUE. adj. de tout genre. Qui vient des Apostres, qui procede des Apostres. Doctrine Apostolique. l’Eglise Catholique & Apostolique. Tradition Apostolique. Mission Apostolique. le S. Siege Apostolique.

On dit, Une vie Apostolique, un zele Apostolique, pour dire, Une vie conforme à celle des Apostres, Un zele digne du temps des Apostres.

On appelle aussi, Eglise Apostolique, Une Eglise fondée par les Apostres. La Tradition des Eglises Apostoliques.

Apostolique, Se dit aussi en parlant Des Brefs & des Mandements du Pape. Bref Apostolique. Mandement Apostolique. On dit aussi, dans le mesme sens, La benediction Apostolique : Et on appelle, Nonce Apostolique, Le Nonce du Pape.

A l’Apostolique. adv. A la maniere des Apostres. Vivre à l’Apostolique. prescher à l’Apostolique.

APOSTOLIQUEMENT. adv. A la façon des Apostres. Vivre Apostoliquement. prescher Apostoliquement.



APOSTRE. s. m. Nom qui a esté donné aux Douze que Nostre Seigneur choisit particulierement entre ses Disciples, pour gouverner l’Eglise aprés luy. Nostre Seigneur Jesus-Christ & ses douze Apostres. le Symbole des Apostres. l’Apostre S. Pierre, l’Apostre S. Jacques.

Le nom d’Apostre, depuis la mort de Nostre Seigneur, a esté donné à S. Mathias, qui fut mis à la place de Judas ; Et à S. Paul & à S. Barnabé, qui furent appellez extraordinairement de Dieu pour prescher l’Evangile. On appelle communément, S. Pierre & S. Paul les Princes des Apostres. Et quand on dit, l’Apostre des Gentils, ou simplement, l’Apostre, On entend. S. Paul. Prescher en Apostre, comme un Apostre.

On appelle aussi, Apostres, Tous ceux qui ont les premiers presché la Foy en quelque pays. S. Denys est l’Apostre de Paris. S. Martial l’Apostre de Limoges. S. François Xavier l’Apostre des Indes.

On dit prov. Faire le bon Apostre, pour dire, Contrefaire l’homme de bien : Et prov. & ironiquement, C’est un bon Apostre, pour dire, C’est un bon compagnon.

APOSTROPHE. s. f. Figure de Rhetorique, par laquelle on adresse la parole à quelque personne, ou à quelque chose comme si c’estoit une personne. Ainsi, Et vous braves François qui, &c. Affreux deserts confidents de mes peines ! sont des apostrophes.

Apostrophe, est aussi Une petite note dont on se sert pour marquer l’elision d’une voyelle. Ainsi dans ces mots, l’Eglise, l’estat, s’il est permis, d’où vient, quoyqu’il en soit, la petite note qu’on met en haut entre la consonne & la voyelle, s’appelle apostrophe.

APOSTROPHER. v. a. Détourner son discours pour adresser la parole à quelque personne, à quelque chose considerée comme si c’estoit une personne. Le Predicateur au milieu de son Sermon apostropha le Crucifix, apostropha la Croix. aprés avoir long-tems parlé contre les impies, il les apostropha avec vehemence. Apostropher quelqu’un, signifie quelquefois, Luy adresser la parole pour luy dire quelque chose de desagreable.

APOSTUME. s. f. Enflure exterieure avec putrefaction. Apostume qui aboutit, qui meurit, qui suppure. percer une apostume. amener une apostume à suppuration.

On dit prov. & fig. qu’Il faut que l’apostume creve, pour dire, qu’Il faut que quelque chose de mauvais qui estoit caché, vienne enfin à paroistre.

APOSTUMER. v. n. Se former en apostume. Il a eu une contusion au bras, qui commence à apostumer.

APOTHEOSE. s. f. Déification. Il se dit principalement De la ceremonie par laquelle les anciens Romains déifioient les Empereurs. L’apotheose d’Auguste. des medailles qui representent des apotheoses.

Apotheose, Se dit aussi quelquefois De la reception fabuleuse des anciens Heros parmi les Dieux. Ainsi on dit, l’Apotheose d’Hercule, l’apotheose d’Enée.

APOTHICAIRE. s. m. Celuy dont la profession est de préparer les drogues pour la guerison des malades. Bon Apothicaire. habile Apothicaire.