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ALLOUER. v. a. Approuver, Passer une dépense employée dans un compte. On luy a alloüé un article de deux mille francs pour les faux frais. il avoit bien peur qu’on ne luy alloüast pas cette dépense.

Alloué, ée. part.

ALLUMER. v. a. Mettre le feu à quelque chose de combustible. Allumer un fagot. allumer une javelle. allumer les bougies. allumer de la chandelle. allumer un flambeau. allumer les cierges. allumer la lampe. On dit, Allumer le feu, allumer du feu, pour dire, Allumer le bois qui est dans le foyer.

On dit fig. Allumer la guerre, pour dire, Estre cause de la guerre. Allumer une passion, pour dire, Exciter une passion. Allumer la colere, pour dire, Exciter la colere. On dit aussi, qu’Une violente passion allume les humeurs, pour dire, qu’Elle les fait fermenter, & les met dans une disposition prochaine à la fievre. Et qu’Une trop grande meditation, une trop grande application, une trop grande contention allume les esprits, pour dire, qu’Elle les subtilise trop, & les met dans un trop grand mouvement.

Allumer, est aussi n. p. dans le propre & dans le fig. Du bois qui a bien de la peine à s’allumer. la guerre s’alluma de toutes parts. il y a à craindre que les humeurs ne s’allument.

Allumée, ée. part.

ALLUMETTE. s. f. Petit brin de bois souffré par les deux bouts, & servant d’ordinaire à allumer des chandelles, des bougies. Des allumettes pour les fusils.

ALLUSION. s. f. Figure de Rhetorique, par laquelle on fait sentir la convenance, le rapport que des choses, ou des personnes ont l’une avec l’autre. Allusion ingenieuse. allusion forcée, allusion froide. allusion naturelle. En parlant ainsi, il faisoit allusion aux moeurs de son temps.

ALLUVION. s. f. Accroissement de terrain qui se fait à un des bords d’une riviere, lorsque la riviere s’en retire, & qu’elle prend son cours d’un autre costé. Droit d’alluvion. Cette terre s’est accreuë par alluvion.

ALM

ALMANACH. s. m. Calendrier qui contient tous les Jours de l’année, les Festes, les Lunaisons, les Eclipses, les Signes dans lesquels le Soleil entre, & des pronostics du beau & du mauvais temps. Almanach nouveau. almanach pour l’année, &c. voyez dans l’almanach. faire des almanachs. composer des almanachs.

On appelle Almanach du Palais, Un Calendrier où sont marquées les Festes du Palais, c’est-à-dire, les jours où le Palais vaque. Almanach perpetuel, Un Almanach qui contient des regles generales, pour dresser des Almanachs. Et Almanach spirituel, Un Almanach où toutes les Festes & les devotions particulieres de chaque Eglise sont marquées.

On dit fig. & en raillant, Faire des Almanachs, composer des Almanachs, pour dire, S’amuser à faire des pronostics en l’air, Se remplir l’idée de choses qui peuvent n’arriver jamais : Et on appelle, Faiseur d’Almanach, Un homme qui se mesle de faire de pareils pronostics.

On dit prov. d’Un homme qui avoit prédit


ce qui devoit arriver dans une affaire, qu’Une autre fois on prendra de ses Almanachs.

On dit aussi fig. d’Une personne qui à tous les changements de temps se ressent de quelque infirmité, que Son corps est un Almanach.

ALO

ALOÉS. s. m. Arbre qui croist dans les Indes, presque semblable à un Olivier, & dont le bois est odoriferant & fort pesant. Du bois d’Aloés.

Aloés, est aussi Une plante qui vient en Arabie, en Asie, &c. dont on tire un suc fort amer, & dont on se sert dans la Medecine. Pilules d’aloés. extraits d’aloés. amer comme de l’aloés.

ALORS. adv. de temps. En ce temps-là. Alors on vit paroistre. alors je luy dis. où estiez-vous alors ?

On dit prov. Alors comme alors, pour dire, Quand on sera en ce temps-là, en cette conjoncture d’affaires-là, on advisera à ce qu’il faudra faire. Vous me dites qu’en ce temps-là les affaires seront bien changées : hé bien ! alors comme alors. On dit, C’estoient les manieres d’alors, la mode d’alors, pour dire, On en usoit alors de la sorte, c’estoit alors la mode.

ALOSE. s. f. Sorte de poisson de mer qui remonte ordinairement au Printemps dans les rivieres. La pesche des aloses. une alose bien fraische, bien grasse.

ALOUETTE. s. f. Petit oiseau dont le chant est agreable, & qui est du genre de ceux qui vivent de grain, & font leur nid à terre dans les campagnes Le chant de l’aloüette. tendre aux aloüettes. prendre des aloüettes au miroir. une douzaine d’aloüettes. manger des aloüettes. On appelle Aloüette huppée, Une sorte d’aloüette, qu’on appelle autrement Cochevis.

On appelle communément Des terres sablonneuses, Des terres à aloüettes.

On dit prov. Si le Ciel tomboit, il y auroit bien des aloüettes prises ; Et cela se dit pour se mocquer d’une supposition absurde, en y respondant par une autre encore plus absurde. Et on dit prov. d’Un paresseux qui voudroit avoir les choses sans peine, qu’Il attend que les aloüettes luy tombent toutes rosties dans le bec.

ALOURDIR. v. a. Rendre lourd, Appesantir. Il n’a guere d’usage qu’au participe, ou aux temps formez du participe. Cela m’a tout alourdi. je suis tout alourdi. j’ay la teste tout alourdie. Il n’a guere d’usage que dans la conversation familiere.

Alourdi, ie. participe.

ALOUVI. participe du verbe Alouvir, qui n’a point d’usage. Affamé comme un loup. Il ne se dit que d’un enfant qu’on ne peut rassasier. C’est un enfant alouvi. il est alouvi. Il est bas.

ALOY. s. m. La valeur intrinseque de l’or ou de l’argent ; Le titre que l’or & l’argent doivent avoir. Ainsi on dit, que De l’or, que de l’argent est de bon aloy, pour dire, qu’Il est au titre de l’Ordonnance : Et qu’Il est de bas aloy, pour dire, qu’Il n’est pas du titre dont il devroit estre.

On dit fig. qu’Un homme est de bas aloy, pour dire, qu’Il est de basse naissance, de basse condition, d’une profession vile : Et on appelle Marchandises de mauvais aloy, Des marchandises qui ne sont pas de la qualité requise par les Reglemens, par les Ordonnances.