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ne se dit guere qu’en raillerie. Un jeune adolescent.

ADOPTER. v. a. Choisir quelqu’un pour fils, le faire entrer dans tous les droits, & dans toutes les obligations d’un veritable fils. Auguste adopta Tibere. chez les Romains ceux qu’on avoit adoptez passoient dans la famille & sous la puissance de celuy qui les adoptoit.

Adopté, ée, participe.

ADOPTIF, IVE. adj. Qui est adopté. Enfans adoptifs. fils adoptif. fille adoptive. Dans le langage de la sainte Escriture, Jesus-Christ nous a fait enfants adoptifs de son Pere.

ADOPTION. s. f. Action d’adopter. Tibere n’estoit fils d’Auguste que par adoption. l’Escriture-sainte nous dit que nous sommes les enfants de Dieu par adoption, que nous sommes des enfants d’adoption.

ADORABLE. adj. de tout genre. Digne d’estre adoré. Dieu seul est adorable. les mysteres de la Religion sont adorables. la Providence de Dieu est adorable en toutes choses.

Adorable, Se dit par exageration De ce que l’on aime ou qu’on estime extrémement. Ainsi un amant dit de sa maistresse qu’Elle est adorable. Et dans le style familier, en parlant d’un honneste homme, d’un commerce agreable, doux, aisé, on dit que C’est un homme adorable.

ADORATEUR. s. m. v. Celuy qui adore. Les adorateurs du vray Dieu. les vrais adorateurs.

On dit fig. qu’Un homme est adorateur d’une femme, qu’il est de ses adorateurs, pour dire, qu’Il l’aime passionnément ; Et qu’Un homme est des adorateurs d’un autre homme, pour dire, qu’Il est prévenu d’une estime extraordinaire pour luy, qu’il l’admire en tout ce qu’il fait.

ADORATION. s. m. v. Celuy qui adore. Les adorateurs du vray Dieu. les vrais adorateurs.

ADORATION. s. f. v. Action par laquelle on adore. L’adoration n’est deuë qu’à Dieu seul. l’adoration des Idoles est le plus grand de tous les crimes. On dit aussi l’adoration de la Croix. aller à l’adoration de la Croix : mais cela ne se dit que par relation à Jesus-Christ.

On se sert aussi du mot d’adoration, en parlant de la ceremonie qui se pratique à l’égard d’un Pape nouvellement éleu, lorsqu’il est mis sur l’Autel aprés son élection, & que les Cardinaux luy vont rendre hommage : Et c’est en ce sens qu’on dit Aller à l’adoration du Pape.

On dit aussi dans cette mesme acception, qu’Un Pape est fait par voye d’adoration, lorsque tous les Cardinaux le vont reconnoistre pour Pape, sans avoir fait de Scrutin auparavant.

ADORER. v. a. Rendre un culte à un Estre que l’on reconnoist pour Dieu. Il ne faut adorer que Dieu. Dieu seul merite d’estre adoré. adorer le vray Dieu en esprit & verité. adorer la sainte Trinité. adorer Jesus-Christ dans l’Eucharistie. les Payens adoroient les faux Dieux. les Israëlites adorerent le veau d’or.

On dit aussi, Adorer la Croix : mais c’est dans un autre sens qu’adorer Dieu, & seulement par relation à Jesus-Christ.

Adorer, Se met quelquefois sans regime. Les Juifs adoroient en Jerusalem, & les Samaritains en Samarie. le peuple d’Israël alloit adorer sur les montagnes.

Adorer, ne signifie quelquefois que, Rendre


de tres-profonds respects, en se prosternant. La Reine Esther adora le Roy Assuerus. les Rois de Perse se faisoient adorer.

Adorer, Se dit encore par exageration, pour dire, Aimer avec une passion excessive. Il ne l’aime pas, il l’adore. cette mere est folle de son fils, elle l’adore.

On dit prov. & fig. Adorer le veau d’or, pour dire, Faire la cour à un homme de peu de merite, à cause de ses richesses, ou à cause de son crédit.

Adoré, ée. participe.

ADOSSER. v. a. Mettre le dos contre quelque chose. Adosser un enfant contre une muraille pour l’empescher de tomber. il s’adossa contre une muraille, & se deffendit long-temps de la sorte.

Il se dit aussi fig. En parlant d’un bastiment, &c. qu’on place contre une montagne, contre un rocher, d’un appentis qu’on appuye contre un bastiment.

Adossé, ée. part. En terme de Blason il se dit de deux pieces d’armoiries, comme deux lions, deux poissons, &c. mis dos à dos. Le Duché de Bar a pour armes deux bars adossez. il porte de gueules à deux lions d’or adossez.

ADOUBER. v. a. Qui ne s’employe qu’absolument, & qui n’a guere d’usage qu’au Trictrac, & aux Eschecs ; dans cette phrase, J’adoube, par laquelle on marque qu’on ne s’engage pas à joüer la piece qu’on touche.

ADOUCIR. v. a. Rendre doux. Temperer l’acreté de quelque chose d’aigre, de picquant, de salé. Adoucir l’aigreur du citron par le sucre. adoucir avec de l’eau une sausse trop salée. cela adoucit l’acreté des humeurs, l’acreté du rhume. adoucir l’acreté du sang.

On dit, Adoucir sa voix, pour dire, Parler d’un ton moins aigre, ou moins élevé. Adoucir une expression, pour dire, La corriger, la temperer par une autre moins dure & plus convenable.

On dit, que La pluye a adouci le temps, pour dire, qu’Elle l’a rendu moins froid.

Adoucir, signifie aussi, Rendre moins fascheux & plus supportable. Cela adoucira un peu vostre mal. si quelque chose pouvoit adoucir mon déplaisir. adoucir l’ennuy, l’amertume, le chagrin, &c.

On dit dans le mesme sens, Adoucir l’humeur : Et l’on dit fig. d’une bonne nouvelle, qu’Elle adoucit le sang, qu’elle raffraischit le sang.

On dit, Adoucir les traits, adoucir l’air du visage, pour dire, Les rendre moins rudes. La maniere de se coëffer adoucit l’air du visage, ou le rend plus rude.

On dit en termes de Peinture, Adoucir les traits d’une figure, pour dire, Les rendre plus tendres, plus délicats. Il faut un peu adoucir les contours de cette figure, qui sont trop marquez, trop ressentis.

Il signifie encore, Appaiser. Adoucir la colere de quelqu’un. adoucir un esprit irrité.

Il est aussi n. p. & signifie, Devenir plus doux. Son humeur s’adoucit. le temps commence à s’adoucir. tous les maux s’adoucissent avec le temps. sa voix s’adoucit.

Adouci, ie. part. pass.

ADOUCISSEMENT. s. m. v. Action par laquelle une chose est adoucie ; L’estat d’u-


Dict. de l’Ac. Fr. Tome I. D