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son bois de haute fustaye. abbattre un fossé. il le prit rudement au collet & l’abbattit sous luy. on luy a abbattu la teste de dessus les espaules. il luy abbattit le bras d’un coup de sabre. ce chasseur est adroit, il abbat bien du gibier. ce cheval est fougueux, on est contraint de l’abbattre pour le ferrer. ces moissonneurs abbattent tant d’arpens de bled en un jour. abbattre des quilles.

Abbattre, signifie fig. Affoiblir, diminuer, abbaisser, faire perdre les forces, le courage. Une fiévre continüe abbat bien un homme. cette maladie a bien abbattu ses forces. cette perte luy a abbattu le courage, abbattu sa fierté. ces deux maisons sont ennemies, elles font leurs efforts pour s’abbattre l’une l’autre.

On dit au jeu de Tric-trac. Abbattre du bois, pour dire, Abbattre des dames pour caser. On le dit aussi au jeu de quille, pour dire, Abbattre bien des quilles.

On dit aussi fig. Abbattre bien du bois, pour dire, Expedier beaucoup d’affaires en peu de temps ; & on dit prov. que petite pluye abbat grand vent, pour dire, qu’une petite pluye fait cesser un grand vent.

S’abbattre. v. n. p. On dit qu’Un cheval s’abbat, pour dire, Que les pieds luy manquent & qu’il tombe tout d’un coup. En galoppant, son cheval s’est abbattu sous luy. le terrain est glissant, si vous poussés vostre cheval, il s’abbattra. On dit aussi que le vent s’abbat, qu’il est abbattu, pour dire, qu’il s’appaise, qu’il est appaisé.

Abbattu, ue. part. Il a les sign. de son verbe.

ABBAYE. s. f. (On prononce Abbéye) Monastere d’hommes qui a pour Superieur un Abbé, ou de Filles qui a pour Superieure une Abbesse. Abbaye Royale, ou de fondation Royale. Abbaye en regle. Abbaye en commende. Le Roy luy a donné une Abbaye. Abbaye de l’Ordre de S. Benoist, de l’Ordre de Cisteaux, de l’Ordre de Prémonstré, &c. ou Abbaye de S. Benoist, de Cisteaux, de Prémonstré, &c.

Il se prend quelquefois pour les seuls bastimens du Monastere. Une Abbaye bien bastie. une Abbaye qui tombe en ruine.

On dit prov. & fig. Pour un Moine l’Abbaye ne faut pas, pour dire, Que quand plusieurs personnes ont fait quelque partie ensemble, & que quelqu’un d’entre eux manque à s’y trouver, on ne laisse pas de faire ce qui avoit esté resolu.

ABBÉ. s. m. Prelat qui est Superieur d’un Monastere d’hommes. Abbé de l’Ordre de S. Benoist. Abbé regulier. Abbé crossé & mitré. eslire un Abbé. benir un Abbé.

On appelle, Abbé Commendataire, Un Ecclesiastique qui a des Bulles pour gouverner le temporel d’une Abbaye, & qui n’a point de Jurisdiction spirituelle sur les Religieux.

On dit fig. & prov. que Pour un Moine, on ne laisse pas de faire un Abbé, pour dire, Qu’encore qu’un homme manque à une assemblée, à une partie de divertissement où il devroit estre, on ne laisse pas de deliberer sans luy, ou de faire ce qu’on avoit resolu.

Quand quelqu’un n’est pas encore venu pour manger, & que neantmoins on se met tousjours à table ; on dit prov. & fig. qu’On l’attend comme les Moines font l’Abbé.

On dit prov. & fig. Le Moine respond comme l’Abbé chante, pour dire, Que ordinairement les inferieurs se conforment aux Superieurs.


On dit aussi, Joüer à l’Abbé, pour dire, Joüer à une sorte de jeu où l’on est obligé de faire tout ce que fait celuy qu’on a pris pour estre le conducteur du jeu, & auquel on donne alors le nom d’Abbé.

On appelle par raillerie, Abbez de sainte Esperance, ceux qui prennent la qualité d’Abbé, sans en avoir le titre.

ABBESSE. s. f. Superieure d’un Monastere de Filles, qui a droit de porter la crosse. Abbesse triennale. Abbesse perpetuelle. nommer, eslire, benir une Abbesse.

ABBOY. s. m. Bruit que fait le chien en abboyant. L’abboy de ce chien est fort importun.

Abbois au pluriel, se dit proprement de l’extremité où le cerf est reduit quand il est sur ses fins. Le cerf est aux abbois. tient les abbois.

On dit fig. d’une personne qui se meurt, qu’Elle est aux abbois. On le dit aussi d’une place qui ne peut plus se deffendre.

ABBOYANT, ANTE. adj. verb. Qui abboye. Des chiens abboyants.

ABBOYEMENT. s. m. v. Abboy, cri du chien. L’abboyement d’un chien. de longs abboyements.

ABBOYER. verbe neutre. Japper. Il ne se dit au propre que du chien. Un chien qui abboye à la Lune. un chien qui abboye aux voleurs. un chien qui abboye contre tous les passants. un chien qui abboye aprés tout le monde.

On dit prov. & fig. Tous les chiens qui abboyent, ne mordent pas, pour dire, Que tous ceux qui menacent ne font pas tousjours du mal.

Abboye se dit fig. & sign. Crier aprés quelqu’un, le presser, le poursuivre importunément. Tous ses creanciers abboyent aprés luy.

On dit aussi fig. Abboyer aprés quelque chose, pour dire, La desirer, la poursuivre ardemment. Ils sont trois ou quatre qui abboyent aprés cette charge. abboyer aprés une succession.

Et on dit prov. & fig. d’un homme qui crie inutilement contre un plus puissant que luy, que c’est abboyer à la Lune.

Abboyé, ée. part. Il n’est guere en usage qu’au figuré. Un debiteur abboyé de tous ses creanciers.

ABBOYEUR. s. m. v. Qui abboye. Ce chien est un grand abboyeur. avoir un bon abboyeur pour le sanglier, pour le loup.

Il se dit fig. des hommes qui crient, qui pressent avec importunité. Voilà bien des abboyeurs.

ABBREGÉ. s. m. v. Raccourcy, Escrit, Discours dans lequel on reduit en petit ce qui est ou ce qui pourroit estre ailleurs plus ample & plus estendu. Il reduit toute la Theologie, tout le Droit Canon en abbregé. il en a fait un abbregé. mettre par abbregé, en abbregé. l’abbregé de l’Histoire Romaine. On dit en loüant de certaines choses. C’est un abbregé de merveilles. l’homme est un abbregé des merveilles de l’Univers.

ABBREGER. v. a. Rendre plus court, retrancher. Ses desbausches luy abbregerent la vie. cela luy a abbregé ses jours. la methode qu’il a pour enseigner le Latin, abbrege de beaucoup le temps des estudes. abbreger une narration. abbregez vostre discours.

On s’en sert aussi quelquefois absolument. Vous estes trop long, abbregez. il faut abbreger.

ABBREVIATEUR. s. m. v. d’Abbrevier qui