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Lorsqu’abandonnement est mis sans regime, il signifie Déreglement excessif dans la conduite, dans les mœurs. Prostitution. Abandonnement infame. vivre dans l’abandonnement, dans le dernier abandonnement.

ABANDONNER. verbe actif. Delaisser entierement. Les gens de guerre l’ont contraint d’abandonner sa maison. il a abandonné le pays. abandonner sa femme & ses enfans. Dieu n’abandonne point les siens. vous m’avez abandonné au besoin. abandonner la poursuite d’une affaire. abandonner une cause.

On dit qu’Un pere a abandonné son fils ; qu’il l’a entierement abandonné, pour dire, Qu’il ne prend plus aucun soin de luy, qu’il ne s’en met plus en peine.

On dit, Abandonner une succession. abandonner ses prétentions, pour dire, Y renoncer entierement.

On dit que les Medecins ont abandonné un malade, pour dire, qu’ils ont cessé de le voir, ou qu’ils ne luy ordonnent plus rien, parce qu’ils desesperent de sa guerison.

Abandonner, signifie aussi. Laisser en proye. exposer à la mercy. Abandonner une ville au pillage, l’abandonner à la fureur des soldats. abandonner un vaisseau à l’orage, au vent. abandonner à la mercy, à la discretion, à la misericorde.

On dit, Abandonner un Ecclesiastique au bras seculier, pour dire, le renvoyer au Juge laïque, afin qu’il le punisse selon les loix. Et prov. & fig. en parlant de quelque chose à boire ou à manger, qu’on veut laisser à la discretion des Domestiques, aprés en avoir beu & mangé autant qu’on a voulu, on dit qu’Il faut l’abandonner au bras seculier.

On dit dans le langage de l’Escriture, que Dieu abandonne souvent les mechants à leur sens reprouvé, pour dire, qu’Il les laisse endurcir dans leur peché.

On dit aussi, Abandonner une chose, une personne à quelqu’un, pour dire, Luy permettre d’en faire ce qui luy plaira, luy en laisser l’entiere disposition. Abandonner tous ses biens à ses creanciers. vous vous plaignez de cet homme, je vous l’abandonne. On dit aussi, qu’Un pere a abandonné son fils, le soin de son fils à la conduite de quelqu’un, pour dire, qu’Il en a chargé quelqu’un sur qui il s’en repose.

Abandonner, avec le Pronom personnel, signifie. Se laisser aller à quelque chose sans aucune retenüe, sans aucune reserve. S’abandonner à la débauche. s’abandonner à ses passions. s’abandonner au vin. s’abandonner aux femmes. s’abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. s’abandonner à la joye.

On dit, S’abandonner à la Providence, pour dire, Se remettre entierement entre les mains de la Providence. Et s’abandonner à la Fortune, pour dire, Laisser aller les choses au hazard.

Et d’une femme qui se prostitüe, on dit que C’est une femme qui s’abandonne à tout le monde. En ce sens, il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d’une mere portent quelquefois une fille à s’abandonner.

Abandonné, ée, Participe. Il a les sign. de son verbe. Il est aussi subst. & alors il se dit d’un homme perdu de libertinage & de débauche, & d’une femme qui se prostitüe. C’est un abandonné, c’est une abandonnée. Il est plus en usage en parlant des femmes.

ABASTARDIR. v. a. Faire décheoir une chose de son estat naturel, la faire dégénérer, l’alterer. La longue servitude abastardit le courage.

S’abastardir. v. n. p. Les jeunes gens s’abastardissent dans l’oisiveté, dans les delices. ce plan de vigne s’est abastardi.

Abastardi, ie, part. Avoir le cœur abastardi. le courage abastardi.

ABASTARDISSEMENT. s. m. v. Alteration d’une chose, deschet, diminution. L’abastardissement du courage. ce vin là se sent bien de l’abastardissement de son plan.

ABB

ABBAISSEMENT. s. m. Diminution. L’abbaissement des eaux. l’abbaissement de la voix.

Il est plus en usage dans le figuré. Abbaissement de fortune. abbaissement de courage.

Quelquefois il signifie Humiliation. Se tenir dans l’abbaissement devant Dieu. un parfait Chrestien doit se plaire dans l’abbaissement. c’est un esprit altier, qu’il faut tenir dans l’abbaissement.

ABBAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abbaisser les voiles. abbaisser la lanterne.

Il signifie quelquefois. Diminuer de la hauteur. Abbaisser une muraille. abbaisser une table. On dit. Abbaisser la voix. abbaisser le ton de la voix. pour dire, Parler plus bas.

Il se prend aussi pour Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abbaisse les superbes. s’abbaisser devant quelqu’un. quand un Prince s’abbaisse jusqu’à vouloir bien se familiariser. s’abbaisser à des choses indignes.

Abbaissé, ée. part.

ABBATIAL, ALE. adj. Appartenant à l’Abbé ou à l’Abbesse. Logis Abbatial. maison Abbatiale. les droits Abbatiaux. fonctions Abbatiales. dignité Abbatiale. mense Abbatiale.

ABBAT-JOUR. s. m. Sorte de fenestre dont l’appuy est en tallus, afin que le jour qui vient d’en haut se communique plus facilement dans le lieu où elle est pratiquée. Les Marchands ont des abbat-jours dans leurs magazins pour faire paroistre leurs marchandises plus belles. ordinairement l’appuy des fenestres des Eglises est taillé en abbat-jour.

ABBATTEMENT. s. m. v. N’est guere en usage au propre.

Au figuré, il signifie Affoiblissement. abbaissement de forces ou de courage. Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand abbattement. cette mauvaise nouvelle l’a mis dans une estrange abbattement.

ABBATTEUR. s. m. v. Qui abbat. Ce Buscheron est un grand abbatteur de bois. il est fort adroit au jeu de quilles, c’est un abbatteur de bois.

ABBATTIS. s. m. v. Bastiments, ou Arbres abbattus. La rüe est toute embarassée par cet abbattis de maison. les Ennemis traverserent les chemins par de grands abbattis d’arbres.

On dit aussi. Faire un abbattis. un grand abbattis de gibier, pour dire, En tuer beaucoup.

ABBATTRE. v. a. Mettre à bas, renverser par terre, faire tomber. Abbattre des maisons, des murailles. abbattre des arbres. abbattre par le pied. les grands vents abbattirent bien des chesnes dans la forest, Ils ont abbattu nos fruits. il a abbattu


Dict. de l’Ac. Fr. Tome I. A ij