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de Baume, du jurassique inférieur par des échancrures plus ou moins larges du plateau, perpendiculaires à sa direction générale et dues, comme nous le savons, à des brisures transversales qui ont laissé au relevé de chaque côte les strates à la même hauteur. « Généralement, près du cirque abrupt qui forme le fond de chaque échancrure des plateaux aboutit, dans un de ses côtés, la direction d’une faille, c’est-à-dire d’une brisure qui, agissant inégalement des deux côtés, a exalté des couches géologiques inférieures au niveau et même au-dessus de celles des étages supérieurs. On conçoit que ces deux sortes de soulèvements, surtout la dernière, ont dû créer des vides continus entre les couches relevées en sens contraire, également où inégalement, et que beaucoup subsistent encore sans solution de continuité, quoiqu’un certain nombre aient été remplies en totalité ou en partie par une déjection souterraine formée de blocs arrachés aux assises calcaires et enveloppés d’une gangue résultant peut-être d’un métamorphisme des marnes intérieures dissoutes par un liquide très chaud et acide. Ces vides sont accusés par des lignes d’entonnoirs ou d’enfoncements dans le prolongement de la direction des cavernes où naissent les rivières. »

Nous avons cherché à vérifier ces dernières affirmations. Selon ces vues, il devait y avoir une ligne d’entonnoirs se développant suivant une grande courbe et allant des sources de la Selle à celles de Revigny où nait la Vallière qui passe à Lons-le-Saumier. Cette ligne est très problématique ; il y a bien quelques entonnoirs, mais de là à être sûr qu’ils sont les soupiraux d’une même fente et que cette fente va des sources du Dard à celles de la Vallière, il y a loin. Enfin affirmer que les entonnoirs en question sont dans le prolongement de la direction de la grotte de Baume, nous paraît téméraire. Des trois branches de la caverne, celle du midi seule pourrait convenir à cette théorie. Elle peut certainement communiquer avec le plateau supérieur par un ou deux gouffres, mais il est à peu près certain qu’elle ne s’étend pas jusqu’à Revigny. Nous constatons l’existence de deux gouffres qui pourraient communiquer avec ladite galerie. Tous deux ils ne sont malheureusement praticables qu’aux eaux, qui y disparaissent par des fissures étroites et obstruées. Il faut donc renoncer à l’idée d’y descendre pour ressortir par la grotte de Baume. Bien souvent M. Martel a essayé cette traversée très intéressante dans d’autres grottes, mais jusqu’ici, à part le cas très différent et très remarquable de la rivière du Bonheur, dite Bramabiau, dans la Lozère, il n’a jamais pu y arriver, arrêté qu’il était, soit par des culs-de-sac dans l’infralias, soit par des éboulements considérables ayant fermé les passages probables de communication. Il n’y a pourtant pas lieu de se désespérer, les cavernes et les avens sont innombrables en France, et l’on peut encore trouver un de ces rares passages. Il y a d’autres gouffres, paraît-il, plus loin du bord du plateau, dans l’intérieur des terres, mais faute de temps nous renvoyons leur examen à l’année prochaine où, moins pressés, nous tâcherons d’éclairer un peu mieux cette question intéressante de l’hydrologie interne de la source de la Selle et de celle de la Vallière de Revigny.

Le 13 octobre, les eaux ayant baissé considérablement, nous décidons d’essayer de forcer cette passe nouvelle, en affrontant bravement la colonne liquide qui noie l’échelle et qui est encore très forte. Pour recevoir moins d’eau, nous appuyons l’échelle démon-