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« fièvre » des grottes ne connaît aucun obstacle. Laissant nos braves amis de l’autre côté de la muraille, nous continuons notre navigation dans une galerie parallèle à la première, aussi haute et de même largeur. Nous sortons encore une fois du bateau, pour le traîner sur l’argile. De l’autre côté, encore de l’eau ; mais les parois de la galerie se rapprochent tellement, que le bateau, même sur le flanc, refuse de passer. Avançant alors jambes et bras en croix, nous allons constater à quelques mètres plus loin la fin de la galerie, qui se termine en cul-de-sac ; l’eau arrive par un siphon où jamais l’homme ne pourra se glisser. Hélas ! c’est bien la fin ! Nous sommes désolés de n’avoir pas découvert quelque nouveau Padirac, et nous avons de la peine à nous résoudre au retour. La fin de la nouvelle galerie (branche nord-ouest) se trouve à 545 mètres de l’entrée, ce qui porte le total des ramifications de la grotte à 1 080 mètres.

GALERIE DU PARASOL[1].

Rejoignant nos amis, nous procédons à une splendide illumination, pour admirer encore une fois cette belle galerie que nous ne reverrons plus. La voûte atteint une hauteur prodigieuse. Avec six fils de magnésium brûlant à la fois, et, en outre, des éclairs d’une très grande puissance, il nous est absolument impossible de la voir. C’est vertigineux ! Peut-être est-ce un aven, ou entonnoir, communiquant avec le plateau. C’est ce que nous approfondirons l’année prochaine.

Le retour est marqué par un léger incident. Comme il nous fallait faire deux voyages avec le bateau, au premier je transporte Pavie, Barreau et Voisin. Pavie, en pagayant trop violemment, fait échouer le bateau sur le rocher, qui fait un énorme trou dans la toile. L’eau entre à flots. Nous bouchons vivement avec un vieux chapeau de feutre, et terminons sans autre accident notre navigation mouvementée. Je retourne aussitôt chercher Favier et Camus, en me gardant bien de leur dire que le bateau est percé, car ils ne savent nager ni l’un ni l’autre. Favier me fait bien remarquer, d’un air peu rassuré, que le bateau est à moitié plein d’eau ; mais je réponds imperturbablement que ce n’est rien, que cela rafraîchit les jambes, et que c’est de l’eau des voûtes. Sur quoi il me répond qu’il n’aurait jamais pensé que les gouttes d’eau tombassent aussi dru. Je le crois sans peine.

Lorsque nous sortîmes de la grotte, le soleil était déjà bien bas ; il était 4 heures passées. Nous trouvâmes à l’entrée, au pied même de l’échelle, Mmes Voisin et Camus en pleurs, persuadées que nous étions tombés tous les six dans quelque gouffre épouvantable.

Le soir même, en mesurant quelques longueurs à

  1. Dessin de G. Vuillier, gravé par Ruffe.