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persuadé qu’il y avait près d’un kilomètre. Nous procédons ensuite à un éclairage monstre, pour photographier. Rien n’est plus émouvant que de voir apparaître brusquement toutes ces masses stalagmitiques à la lueur d’un éclair de magnésium. Nul spectacle n’est mieux fait, en vérité, pour produire le saisissement ; on reste stupéfait devant la grandeur des choses enfantées par la nature.

Notre retour s’effectue sans encombre, et ce jour-là nous dînons à minuit passé. À 2 heures du matin, nous étions encore en train de vider, en l’honneur de la grotte de Baume, les bouteilles de vieux vin que nous avaient offertes gracieusement nos charmants hôteliers Voisin et Favier.

Le lendemain, 8 août, vers 8 heures du matin, nous rentrions dans la grotte, pour terminer l’exploration de la partie où nous avions été arrêtés par l’eau. Après deux heures de dur portage, nous nous retrouvons tous les six au bord du lac, avec le bateau de toile démontable. Nous procédons au montage de celui-ci, et, sans plus tarder, nous nous embarquons, Pavie et moi, sur l’onde limpide à la recherche de l’inconnu. Il est convenu que, si nous découvrons quelque merveille, nous reviendrons chercher nos compagnons qui nous attendent sur la grève. Nous franchissons avec assez de difficulté les deux coudes dont j’ai déjà parlé. L’eau, profonde de 4 mètres, est sans courant. Une galerie large de 4 à 6 mètres, haute de 40 mètres, continue droit devant nous vers le nord-ouest. De splendides pendeloques de carbonate descendant jusqu’à fleur d’eau nous entourent de chaque côté. Le magnésium nous inonde de clarté, et nous nous laissons aller, comme l’a dit si bien notre ami Martel, à la nostalgie des grottes.

LE PARASOL[1] (PAGE 279).

Sortant de notre extase, nous usons de nouveau de la pagaie, et débarquons bientôt sur une bande argileuse de quelques mètres. Nous traînons le bateau de l’autre côté, où nous retrouvons l’eau sous la forme d’un joli petit bassin profond, qui semble sans issue. Je retourne chercher nos compagnons, et, bientôt après, nous nous trouvons tous les six sur les bords du petit bassin, Pavie, enchanté, vient pendant ce temps de découvrir une ouverture sur la gauche. C’est une sorte d’arcade au ras de l’eau. Le bateau passera-t-il ? Nous nous rembarquons, Pavie et moi, et nous dirigeons vers le trou. Le bateau est trop haut et ne peut passer. Nous couchant alors au fond de notre frêle barque, nous l’enfonçons de 10 centimètres dans l’eau, en poussant avec nos mains contre le plafond rocheux. Nous passons en raclant fortement le calcaire. Gare au retour si l’eau monte ! Pas plus que nos amis Martel et Gaupillat, qui ont, au cours de leurs nombreuses explorations, rencontré des passages semblables, nous ne songeons à reculer. La

  1. Dessin de Riou, gravé par Privat.