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galerie le nom de « galerie du Parasol Chinois ». À 330 mètres environ de l’entrée de la grotte, nous arrivons à la partie inconnue de cette branche où se trouvaient, selon les paysans, les gouffres, etc., qui devaient nous engloutir. La galerie est pleine d’eau, et il nous faut entrer dans l’onde limpide jusqu’à mi-cuisse. De l’autre côté, une grève argileuse, où l’on enfonce jusqu’à mi-jambe, nous conduit à un lac profond de 4 mètres. La galerie tourne à droite, à angle droit, puis, 5 mètres plus loin, elle reprend de nouveau la direction primitive. Ici il nous faut le bateau. Il est tard et l’heure du dîner a sonné. Quel dommage de ne pouvoir continuer aujourd’hui ! Au retour, dans la galerie du Lac, à 225 mètres de l’entrée, Barreau remarque, à gauche, se dirigeant vers le nord, une large fente qui ressemble fort à un cul-de-sac. Fatigués, nous hésitons à descendre de la passerelle pour nous enfoncer dans l’argile. Enfin, voulant être consciencieux tout de suite, et sur l’insistance de Barreau, nous sautons tous ensemble dans la vase, où nous enfonçons immédiatement jusqu’aux genoux, et c’est avec toutes les peines du monde que nous gagnons l’extrémité du cul-de-sac. Heureuse idée de Barreau, d’avoir insisté ! Nous trouvons au bas de la fente une petite arcade sous laquelle nous pouvons juste passer. De l’autre côté, la voûte s’élève subitement à 20 ou 30 mètres comme dans les salles précédentes. Nous nous trouvons dans une sorte de couloir plein de culs-de-sac. L’argile, ô misère ! continue de nous gêner beaucoup, et ce n’est rien à côté de ce que nous allons trouver plus loin. Nous tombons dans une petite salle qui n’a guère plus de 12 mètres de large, sur autant de long. De tous côtés la muraille semble fermée. Serait-ce la fin ? Cherchons bien. Toujours rien ! Nous sommes tous désolés, malgré notre fatigue. Soudain, levant Les yeux vers la voûte, pour en estimer la hauteur, j’aperçois dans la paroi nord, à 8 ou 10 mètres d’élévation, une immense fente, toute noire, qui semble se prolonger. Nul doute, cela va plus loin. Aussi je crie plein de joie à Pavie, qui est au pied même de la muraille : « Viens voir l’énorme faille là-haut ! viens vite ! » Pour toute réponse : « Laisse-la donc tranquille, ta faille, et viens me sortir d’ici, j’étouffe ». Pauvre Pavie ! il est dans une triste position ! Enfoncé dans l’argile jusqu’aux hanches, il se démène comme un diable, sans pouvoir en sortir. Ne voulant pas qu’il soit enterré à la façon des esclaves rebelles dans le Sahara, je me porte à son

LA GRANDE CASCADE[1] (PAGE 275).
  1. Dessin de Boudier, d’après une photographie.