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ALBASINE[1] (PAGE 263).


DE PÉKIN À PARIS[2],

LA CORÉE — L’AMOUR ET LA SIBÉRIE,
PAR M. CHARLES VAPEREAU.


XV

De Blagovechtchensk à Pakrovska.



Nous n’avons pas encore perdu de vue les mouchoirs qui continuent à s’agiter sur le ponton et sur le quai, que déjà nous sommes devant les camps. Les soldats, les femmes et les enfants, dans leurs gais costumes où le rouge domine, forment une longue ligne sur le rivage. Là aussi des mouchoirs s’agitent sur notre passage, car le Yermak emporte de nombreux soldats qui laissent des amis derrière eux. Nous n’avons plus de barge à la traîne, et nous marchons rapidement.

FEMME CHINOISE RAMASSANT DES ÉPAVES[3] (PAGE 258).

Le Yermak est le type du bateau construit pour naviguer sur les fleuves sans profondeur, long d’une centaine de pieds, large de près de 30 ; la machine est sur l’avant et les deux roues sont tout à fait à l’arrière. Il cale environ 3 pieds quand il a, comme maintenant, sa cargaison humaine. Il prend peu ou point de fret. Sur la plate-forme supérieure se trouve la chambre du capitaine et celle des hommes de barre. Au premier étage, sur l’avant, les cabines des passagers de première, sur l’arrière les salles de seconde, puis la buvette, où l’on va prendre avant chaque repas la zakouska de rigueur.

Notre cabine est superbe ; elle mesure 8 pieds sur 6, avec trois larges banquettes sur lesquelles nous installons nos matelas, car naturellement il n’y a pas de lit. Au milieu, une table carrée ; on nous y sert nos repas. Le domestique est propre, soigneux ; la nourriture est copieuse et assez bonne. La seule chose qui fasse regretter le Mouravieff, ce sont Les trépidations abominables que la machine imprime au bateau. Avec la meilleure volonté du monde, il est impossible d’écrire le moindre mot, il faut attendre pour cela les escales. Autour des cabines, une galerie couverte pour protéger contre les escarbilles, et un banc assez mal imaginé, car il vous fait tourner le dos au pas sage.

Au-dessous de nos cabines sont deux ou trois salles pour les bagages, les sacs de dépêches, les provisions, puis la cuisine. C’est dans la galerie qui entoure ces salles que les 150 soldats, femmes et enfants, que nous devons conduire à Stretinsk, s’étendent en rangs serrés, mangent, boivent, dorment, etc.

  1. Gravure de Bocher, d’après une photographie.
  2. Suite. — Voyez p. 177, 193, 209, 225 et 241.
  3. Gravure de Bazin, d’après une photographie.