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les concessions anglaise et américaine. De mesquines rivalités empêchent les différentes municipalités de s’entendre sur toutes ces minimes questions de détail, et c’est le public qui en souffre.

Heureusement, le Grand Hôtel des Colonies, renommé dans tout l’Orient, n’est qu’à deux pas, et nous y trouvons, comme d’habitude, de belles chambres bien aérées et une cuisine française des plus soignées.

26 mai. — Ma première visite est pour le docteur Jamieson, une célébrité de l’Extrême-Orient, aussi aimable homme qu’excellent médecin, qui, après m’avoir examiné sur toutes les coutures, me dit qu’il ne voit aucun inconvénient à ce que je poursuive l’exécution de nos projets, si nous y tenons absolument. Je suis heureux d’avoir suivi ses conseils.

CARTE POUR LE VOYAGE DE M. VAPEREAU.


III

De Changhaï à Fou-Sane.


27 mai. — À 10 heures nous sommes à bord du Kobe-Maru, et en route pour le Japon. Parmi les passagers nous trouvons immédiatement des amis, M. Mignard, lieutenant de vaisseau en retraite, M. Startseff, de Tien-Tsin, etc.

Ce dernier est, dit-on, un des Européens les plus riches de Chine. On prétend que la plus grande partie du thé de qualité supérieure consommé en Russie passe par ses mains. Il a donc des correspondants dans tout l’empire. C’est lui, comme je l’ai dit, qi a bien voulu me donner la lettre de crédit nécessaire pour notre voyage. J’ajouterai que M. Startseff a été nommé officier de la Légion d’honneur pour services rendus pendant l’expédition du Tonkin.

Il a acheté dernièrement l’île Poutiatine, à côté de Vladivostok, et est pour le moment en route pour sa propriété. Nous serons donc ensemble pendant une douzaine de jours.

À bord se trouve également l’amiral Humann et son aide de camp, M. Gauchet, L’amiral va rejoindre son escadre à Nagasaki. Il se montre fort aimable pour nous, et c’est lui qui clôt la liste des personnes qui ont déclaré notre voyage une pure folie.

Nous sommes sur un bateau luxueux et très en faveur auprès des voyageurs sur cette ligne, où la concurrence est cependant fort grande. Le capitaine est un Anglais. Et à ce propos, qu’il me soit permis de constater un fait que je déplore. Pendant plus d’un quart de siècle passé dans l’Extrême-Orient, j’ai connu beaucoup de capitaines, de mécaniciens et d’officiers sur les bateaux chinois et japonais ; j’ai vu des Anglais, des Américains, des Allemands, des Danois, mais jamais le moindre Français : pas plus du reste que parmi les pilotes, en dehors de nos possessions.

Le Kobe-Maru est une vraie arche de Noé. Un cochon