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Pagode de Séoul. — Dessin de Riou, d’après une photographie.



VOYAGE EN CORÉE,

PAR M. CHARLES VARAT[1],
EXPLORATEUR CHARGÉ DE MISSIONS ETHNOGRAPHIQUES PAR LE MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.
1888-1889. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


II

Aperçu ethnographique. — Les Séouliens. — Leurs costumes. — Au marché. — Les meubles et ustensiles divers. — Le portage humain. — Séoul la nuit. — Quelle route suivre ? — Préparatifs de départ. — La caravane. — Les adieux. — En route. — Chute de Ni. — Passage du Han-Kiang. — Un moine bouddhiste. — Les taureaux. — Un poteau lisique. — Prisons et supplices. — Premier acte d’autorité. — Une auberge. — Les chevaux. — Du pain.


On me répétait partout, en Europe, en Amérique, au Japon et même en Chine, que la Corée est un pays médiocre au point de vue ethnographique. En effet, rien, de prime abord, de plus triste, de plus pauvre, de plus lamentable qu’une ville coréenne quelconque, même la capitale. C’est qu’à la suite des longues guerres et des envahissements successifs de leur pays, les rois de Corée, pour éviter désormais la convoitise de leurs puissants voisins, interdirent non seulement l’entrée de leur royaume à tous les étrangers et la sortie à leurs propres sujets, mais défendirent même l’exploitation des mines, et promulguèrent des lois somptuaires qui arrêtèrent malheureusement la production nationale, jusqu’alors si brillante, en amenant les particuliers à cacher leurs propres richesses, De là provint un état de délabrement apparent qui à trompé bien des gens. Mais si l’on se donne la peine de soulever les voiles. que de curieuses observations s’offrent aussitôt à vous ! et quelle superbe moisson ethnographique vous attend, en dehors des magnifiques monuments qui attestent encore toutes les splendeurs passées ! Nous allons essayer de le montrer au lecteur en le promenant avec nous au milieu de la bruyante population de Séoul, dont nous étudierons les coutumes, et en l’entraînant ensuite chez les marchands et artisans pour examiner les produits nationaux. Les rues sont généralement encombrées, toutes les classes de la société s’y entremêlent avec leurs costumes divers, où dominent les vêtements en coton blanc, dont l’usage est le plus répandu.

Rien de curieux comme de voir ainsi confondus dans la foule : mandarins à cheval, noble dame portée dans son palanquin, lettrés, commerçants et agriculteurs,

  1. Suite. — Voyez p. 289.