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pas navigable, mais il le deviendrait à peu de frais. Au-dessus de Cosia, les paysans se servent, pour transporter leurs denrées, de radeaux assez grossièrement établis ; ils prennent terre au-dessus des passages obstrués et dangereux, transportent à dos de cheval ou sur des chariots les chargements qu’ils remettent flot au-dessous de l’obstacle.

L’Olto, comme l’Argis et comme plusieurs cours d’eau de la Roumanie, roule des paillettes d’or. Il n’y a pas encore longtemps que des tziganes, esclaves de l’État, nommés Aurari (orpailleurs), avaient charge de les recueillir ; ils opéraient avec des outils et des procédés d’une simplicité primitive ; l’or retiré de la rivière faisait partie de la dotation des princesses régnantes de la Roumanie. Lors de l’affranchissement des tziganes de l’État, cette industrie devint libre ; seulement chaque orpailleur dut payer au trésor public dix-sept francs et trois francs à l’administration des prisons.

Il semble que depuis que la propriété est plus accessible aux tziganes ou aux pauvres Valaques, cette industrie décline rapidement. Les orpailleurs doivent disparaître partout où de bonnes lois rurales vivifieront l’agriculture, et ce sera profit pour la population et pour l’État. L’or, que le laboureur fait suer à la terre, a des vertus sociales qui manquent au plus riche minerai extrait de la mine. À Cosia, nous étions au centre le plus intéressant de la contrée au point de vue géologique et minéralogique, car nous étions au centre du massif le plus compacte des Carpathes de la Valachie. Romnic Valcea, qui est sur l’Olto, à cinq ou six lieues au-dessous de Cosia, est le chef-lieu du district de Valcea.

Accident de voiture. — Dessin de Lancelot.

Dans les montagnes de ce district on a trouvé des vestiges d’anciennes exploitations de mines d’or et de mines d’argent. À Romnic, dans toutes les caves creusées dans la montagne, le mercure suinte à l’état pur ; l’ignorance de la population, encline à l’empirisme et à la superstition, fait craindre qu’elle ne se serve mal de ce produit ; au lieu d’en tirer parti, on s’applique le plus possible à en fermer les sources. Dans cette partie de la Roumanie ou dans celles que nous avons parcourues plus tard, outre l’or, l’argent et le mercure, on trouve du cuivre à l’état natif, du fer oligiste rouge, du sulfate de fer, du plomb natif ou à l’état de sulfate, du cobalt, de l’arsenic.

C’est dans le voisinage de Romnic qu’est la vaste exploitation de sel gemme d’Ocnélé-Mari, l’une des grandes salines monopolisées par l’État. Le sel qu’on en tire est quelquefois si dur et si brillant, qu’on le conserve façonné en différents objets de curiosité ; j’en ai vu des chapelets aux grains transparents comme du cristal. Depuis dix ans seulement, l’exploitation des salines est dirigée par un corps d’ingénieurs des mines créé par le gouvernement.

Les quatre salines, aujourd’hui en plein rapport, sont : Ocnélé-Mari, près de Romnic-Valcea, celles de Télega et de Slanic dans le district de Prahova et celle d’Ocna au district de Bacau en Moldavie ; mille soixante et onze ouvriers sont employés à l’extraction ; deux cent quatre-vingts de ces ouvriers sont des condamnés aux travaux forcés, sept cent quatre-vingt-onze