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cette queue ne manquerait pas d’utilité si elle pouvait leur servir à chasser les mouches, vrai fléau du pays. Au reste l’ensemble de la parure de ces dames est en apparence plus compliqué. Elle n’est en effet complète que lorsque l’estomac, le dos, les côtes et le ventre sont couverts d’un tatouage serré qui ressemble à des écailles de poisson et auquel un enduit d’ocre rouge donne l’air de briques nouvellement cuites.

Les hommes se parent des mêmes tatouages et de la même ocre. Ils sont bien faits. Pas plus que les femmes ils n’ont le nez épaté ni les grosses lèvres que nous considérons comme les traits caractéristiques des nègres. Leur figure est régulière, mais leur chevelure reste laineuse. Ils n”en conservent qu’une petite touffe au sommet de la tête, ou ils plantent une ou deux plumes.


Le chef Commoro et ses guerriers (voy. p. 14). — Dessin de A. de Neuville.


Chaque homme porte sur lui ses armes, sa pipe et son tabouret, et, quand il est posé debout sur un pied, il les tient à ses mains, sauf le tabouret, attaché à son dos. Leurs flèches sont empoisonnées, ou avec une résine qui vient d’un pays lointain à l’ouest de Gondokoro, ou avec le suc d’une espèce d’euphorbe, commune aux environs. Les pointes en sont faites avec une habileté diabolique. Les unes sont fixées au bois par des emboîtures, les autres se détachent lorsqu’on essaie de les retirer et restent dans la blessure, de façon à ce que le poison s’absorbe avant qu’on ait pu retirer le pointe de la flèche. Les arcs sont formés de bambous mâles, toujours tendus, très-durs, mais dépourvus d’élasticité. Quant aux flèches, dénuées de plumes, ce ne sont que des roseaux ou des baguettes de bois léger, dont la base est un peu renflée pour offrir un point d’appui à la corde. Celle-ci ne se tire pas de la façon ordinaire. La flèche n’est tenue qu’entre la jointure du milieu de