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Hébreux. C’est seulement au dix-huitième siècle que les savants européens ont commencé à faire quelques études sérieuses sur des copies d’inscriptions sinaïtiques rapportées par Pococke, Niebuhr et Edward Wortley Montagu. Deux érudits Français, Coutelle et Rozière, ont publié un certain nombre de ces inscriptions dans le grand ouvrage de la description de l’Égypte. Les spécimens que nous reproduisons sont empruntés au Voyage à l’Arabie Pétrée de MM. Léon de Laborde et Linant, et au recueil tout récent de M. Lottin de Laval, dont les premières livraisons seules contiennent trois cent cinquante-quatre inscriptions.

Sait-on à quelles langues il faut rapporter ces inscriptions ? Sait-on ce qu’elles signifient ? On a longtemps cherché et discuté vainement sur ce sujet ; mais, depuis une vingtaine d’années, grâce surtout à un jeune savant, E. F. F. Beer, mort prématurément, et à un autre Allemand, M. Tuch, on ne doute plus.

La langue de ces nombreuses inscriptions, à l’exception de quelques-unes en grec, en copte ou en syriaque, est un dialecte de l’arabe, présentant sous beaucoup de rapports la forme la plus ancienne de cet idiome, mais en même temps empreint d’une certaine influence arménienne. On lit donc et l’on comprend fort bien les inscriptions sinaïtiques ; elles sont très-simples, et pour la plupart se composent uniquement de noms de pèlerins. Voici quelques exemples extraits d’un excellent mémoire de M. François Lenormant. « Hhersch, fils de Salomon, pèlerin. — Labech, fils d’Eldeti, pèlerin. — Aonsch, fils de Medem, fils d’Isch, pèlerin. — Zid, fils d’Oual, émir. — Jali, fils d’Aoumi, et Aomi, son fils. — Abdelchon, père, fils d’Oual, etc.

Quelques individus ont fait suivre leur nom des titres de cavalier, de poëte, de savant, d’ancien, etc.

Inscriptions sinaïtiques non figurées. — D’après l’atlas de M. Lottin de Laval.

Parmi ces inscriptions, on voit çà et là, figurés grossièrement, des chameaux, des chevaux, des hommes, etc., ainsi que des chrismes cruciformes, une palme, une sorte de fourche, ou d’étoile, ou d’ancre, etc.

En regardant de près, on croit voir que ces caractères et ces dessins ont dû être tracés à l’aide de tarières ou à la pointe du couteau, d’après un procédé uniforme, ce qui donne lieu de supposer qu’il y avait dans la vallée certains individus, des pâtres sans doute, faisant profession d’écrire ce que leur ordonnaient les pèlerins sur les rochers, et souvent à une assez grande hauteur, à l’aide de cordes ou d’échelles.

Mais quels étaient ces pèlerins des premiers siècles de notre ère qui se dirigeaient vers le Sinaï ? Ici les savants sont encore aujourd’hui divisés. Les uns, comme

    lume des Voyages du moyen âge, dans la collection des Voyages anciens et modernes, en quatre volumes, de M. Édouard Charton.