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loppés dans une couche d’argile ou de marne couleur chair.

Comment expliquer l’origine de cet immense sépulcre ? Comment des monceaux d’ossements appartenant à des espèces de mammifères qui n’existent plus, se sont-ils trouvés ainsi amoncelés pêle-mêle avec des millions de coquilles et de tortues de mer au milieu du désert et à quatre cents lieues de l’océan ?

Vers midi, nous découvrîmes un immense lac entouré de monuments étranges, de bastions, de pyramides et de clochetons aigus qui se reflètent dans ses eaux bleues.

Mais, plus nous avancions, et plus ce beau lac semblait s’éloigner ; ce n’était qu’un effet de mirage, assez commun dans les plaines de sable et connu des Indiens sous le nom d’eaux menteuses.

Ce désert, dont la longueur est de vingt lieues et la largeur de quinze, est entièrement dénué d’eau et de végétation ; on n’y trouve pas un être animé, pas un oiseau, pas même un insecte ; la chaleur y est étouffante et la réflexion d’un soleil ardent sur un sol d’une blancheur de neige produit une cécité, de courte durée, il est vrai, mais des plus pénibles. Au sud-est, un étroit ruban de verdure se déroule au milieu d’une immense plaine couverte de buttes étranges. C’est la rivière Blanche, dont les eaux, blanchies par l’alkali qui couvre le sol, ont un goût amer et désagréable.

Mauvaises terres du petit Missouri (voy. p. 63).

Un peu plus au sud, entre la rivière Niobarah, ou eau qui court, et la rivière Platte, se déroule un immense désert d’une superficie de 6 700 lieues carrées, et couvert de sable mouvant. Ces sables, soulevés par les ouragans, forment une succession de buttes qui s’étendent généralement de l’est à l’ouest et dont l’élévation varie de 25 à 200 pieds. Parfois aussi, un ouragan soufflant du nord, bouleversant et soulevant tout sur son passage, forme de nouveaux monticules qui prennent une nouvelle direction.

Après avoir exploré pendant trois jours les « mauvaises terres, » sans avoir pu découvrir les éléphants, les bisons et les hommes pétrifiés dont on nous a tant parlé, nous reprenons le chemin du fort Pierre, emportant avec nous un chargement complet de tortues et d’ossements pétrifiés. Huit jours après, nous faisions notre entrée dans le fort.


IV


Retour au fort Pierre. — Grand conseil de la nation dakotah.

Pendant notre absence, l’agent américain avait réuni autour du fort une partie de la nation, Dakotah ou Sioux, pour leur distribuer les présents que le gouvernement de Washington leur envoie chaque année.

Les chefs des différentes tribus, vêtus de leurs plus