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des psaumes que chantera l’assistance. On voit venir, de toutes les rues, des groupes de fidèles. Quelques femmes portent les vieux costumes franconiens.

À Saint-Sebald, plusieurs bancs sont occupés par les soldats vêtus de bleu. Ils chantent avec le reste de l’assemblée. Je me rappelle qu’à Munich, en sortant des Pinacothèques, je me suis arrêté devant la vaste cour d’une caserne ou une soixantaine de soldats, rangés en cercle autour d’un fourgon, chantaient en chœur, sous la direction d’un officier, un chœur du Prophète. Quelques semaines auparavant, j’avais eu honte de l’odieux charivari d’une de nos troupes françaises en marche sur la route de Versailles. Quelles sottes paroles ! quels cris sauvages et ridicules ! Si l’on enseignait aussi un peu de musique vocale à nos soldats, pense-t-on qu’on affaiblirait beaucoup leur courage ?

Le Burg vu des fossés de la ville. — Dessin de Gérard d’après une photographie.

À l’église de Notre-Dame, le prêtre qui est en chaire a des lunettes et est d’un embonpoint excessif ; il parle bien, avec chaleur, et ses auditeurs paraissent très-attentifs. Autant que je puis le comprendre, son sujet est la charité morale. Je saisis au passage une phrase qui me donne à réfléchir :

« Aimez-vous sincèrement ; redoutez le sort de ces grandes nations divisées en deux classes, l’une qui envie et menace sourdement, l’autre qui craint et, pour assurer à ses biens matériels la protection de la force, fait bon marché de sa liberté même. »

Édouard Charton.