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ordres en vertu desquels ses sujets devaient respecter les étrangers et les laisser parvenir jusqu’à lui. » Rumanika, auquel j’avais parlé de la promesse de Petherick, comprend toute l’importance que ces nouvelles ont pour moi, et m’aidera volontiers, dit-il, à les vérifier. « Kamrasi est son beau-frère et se prête facilement à tout ce qu’il lui demande. Je pourrai donc sans inconvénient expédier quelques-uns de mes gens avec les messagers du roi de l’Ounyoro, quand ces derniers s’en retourneront chez leur maître. »

4 janv. — Cette mission est proposée à Baraka. Il la refuserait s’il l’osait ; mais, honteux de sa couardise, il demande seulement « qu’on lui laisse choisir un compagnon fidèle, qui, s’il venait à tomber malade, ne le laisse pas mourir seul dans la jungle. » — En accédant à son désir, nous atténuons autant qu’il est en nous ce qu’il y a de trop funèbre dans ces préoccupations chimériques. Rumanika d’ailleurs nous répond de sa vie et lui fournit, ainsi qu’à son compagnon, un costume pareil à celui de ses officiers. Ce déguisement leur permettra de traverser, sans courir trop de périls, certaines portions de l’Ouddu, récemment et mal annexées au royaume d’Ouganda.

OUGANDA : ARMES ET ORNEMENTS. — Dessins du capitaine Grant.
1 Guerrier. — 2 Anneaux d’ivoire pour jambes. — 3 Ornements de jambes du roi. — 4 et 5 Ornements de tête, diadèmes et guirlandes pour hommes. — 6 et 15 Bouclier et javelines. — 7, 8 et 10 Colliers. — 9 Bracelet-amulette du roi. — 11 Poignard de femme. — 12, 13 et 14 Amulettes. — 16 Nœud de corde en peau de serpent.

5 et 6 janv. — Saidi, un de mes gens, autrefois esclave, capturé dans le Voualâmo, sur les frontières de l’Abyssinie, confirme à Rumanika, par un témoignage direct, ce que je lui disais naguère touchant l’origine des Vouahuma. Cet homme, en effet, rapporte que le bétail élevé par sa tribu est pourvu de cornes énormes, comme celui qu’on trouve ici ; le même usage y existe de boire, dans les principaux repas, un mélange de sang et de lait.

Nous avons en hier soir une demi-éclipse de lune, pendant laquelle tous les Vouanguana n’ont fait que circuler des huttes de Rumanika aux huttes de Nnanaji, chantant et frappant notre vaisselle de fer-blanc pour terrifier l’Esprit du soleil et l’empêcher de dévorer complétement l’astre des nuits, objet d’un culte plus respectueux et plus fervent.

7 janv. — Un métis indou, Souahili, qui est allé visiter le roi de l’Ouganda et s’en revient avec de riches présents en ivoire et en esclaves, nous annonce l’arrivée des officiers que Mtésa nous envoie pour nous conduire immédiatement auprès de lui. Cette excellente nouvelle exalte les espérances de Rumanika presque autant que les nôtres. Il voit déjà l’Afrique ouverte et son nom im-