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d’un temple de Cybèle construit sous le règne d’Alexandre le Grand, tous les édifices dont on retrouve les débris (théâtre, stade, gymnase, églises), datent seulement des premiers siècles de notre ère. La plupart de ces monuments sont reproduits ici et je ne m’arrêterai point à les décrire. Il ne semble pas d’ailleurs que le luxe des constructions ait été celui que les Lydiens estimaient le plus[1].

Si les ruines de Sardes offrent encore aujourd’hui un aspect imposant, c’est grâce à la manière dont elles sont encadrées. Elles s’étagent au bord d’une large vallée, sur les premières pentes du Tmolus. Les cimes granitiques qui les dominent s’élancent du sein de sables accumulés, dont la masse, par suite d’éboulements successifs, est sillonnée de profondes déchirures ; auprès des ruines d’une ville on dirait les ruines d’une montagne.

Sardes Ruines du temple de Cybèle.

Le mamelon qui portait l’acropole fournit un exemple frappant de cette disposition du terrain. Toute sa paroi septentrionale a glissé jus qu’auprès du théâtre, emportant dans sa chute une partie de la plate-forme supérieure où l’on ne trouve plus que des pans de murs peu anciens. Ces dégradations doivent être attribuées à l’action des eaux, mais surtout aux commotions souterraines.

En face de cette décadence générale, comment ne pas évoquer l’ombre de Solon ?

Un jour, il y a plus de deux mille ans, dans le cours de ses voyages, il avait reçu l’hospitalité sous les lambris du palais de Crésus : « Ô mon hôte athénien ! lui dit le roi, le désir m’est venu de te demander quel est, de tous

  1. « La Lydie n’a point, comme d’autres contrées, d’objets merveilleux que l’on doive décrire. » (Hérodote, liv. I, 93.)

    « Il y avait à Sardes un grand nombre de maisons construites en roseaux ; celles de briques étaient aussi couvertes en roseaux. » (Hérodote, liv. V, 101.)