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deux, une rampe en pente douce donne accès aux chaises à porteur.

Après bien des difficultés, on a obtenu du gouvernement chinois l’autorisation d’arborer le drapeau tricolore au-dessus du vestibule, et d’y placer au fronton une grande tablette sur laquelle des caractères dorés annoncent le séjour de la légation de France à Pékin. C’est la constatation officielle de la présence de la diplomatie française au sein même de la capitale de l’Empire du Milieu.

Le pavillon (1[1]), sorte de vestibule qui sert seulement à remiser les palanquins et les chaises à porteurs, a été percé, par les ordres de M. Bouvier, de grandes fenêtres européennes défendues par des barreaux de fer à flèches dorées ; de chaque côte (23) sont les logements des concierges de la Grande-Porte.

Pékin : Plan du palais de la légation française. — Dessin de Lancelot d’après un dessin chinois.

Le portail, conduisant du vestibule à la cour d’honneur, est un chef-d’œuvre d’ornementation ; il est rouge et or, avec un toit en porcelaines et des chambranles peints de fresques de nuances délicates et habilement fondues. La cour d’honneur (2), entièrement dallée de marbres, est entourée de bâtiments. Celui de face (3), orné d’un perron monumental, forme les salles de réception composées de deux grands salons, d’une vaste antichambre, et d’une vérandah, avec des colonnades rouge et or et des toits en tuiles vernies, en décore l’entrée. Le bâtiment de droite (4), et celui de gauche (5), d’un même style, mais moins riche, servent de résidence aux élèves interprètes, et au chancelier ; les deux petits corps de logis formant les ailes sont occupés, l’un (6) par le secrétaire interprète, l’autre (7) par la salle à manger des élèves, qui ont la jouissance du petit jardin contigu{{||.}}

Cette première cour dont les ornements et les couleurs sont analogues sur ses quatre faces porte le nom de Cour rouge ; la seconde où sont situés les appartements particuliers du ministre et de sa famille a reçu, à non moins juste titre, le nom de Cour verte (15) : les tuiles vernies, les peintures des balustres et des colonnades sont du plus bel émeraude rehaussé de filets d’or ; on arrive par un portail du même style, mais moins grandiose que le premier, dans la Cour verte plantée d’arbustes et de gazons. La résidence particulière du ministre occupe les bâtiments de face (8) : un vestibule, que garnissent à la mode chinoise quatre immenses jardinières pleines de fleurs, et dont le plafond et le parquet sont encadrés de boiseries délicieusement sculptées à jour, y donne accès dans les salons, chambres à coucher, boudoir et salle à manger, meublés à l’européenne ; les deux ailes (9) sont occupées par les cuisines, office, salles de bains et logements de femmes de chambre. Les bâtiments de gauche (10) forment l’appartement spécial, et les bureaux du ministre, ceux de droite (11), sont réservés aux visiteurs.

On concevra facilement par cette description, comment la forme quadrilatérale strictement adoptée, le peu d’élévation des bâtiments, la distribution parfaite des pièces, et la régularité des vestibules communiquant tous les uns aux autres, font des maisons chinoises les habitations les plus commodes, et les plus agréables ; il est vrai qu’elles occupent un terrain considérable, eu égard à la population qu’elles peuvent contenir.

Derrière les appartements particuliers est un long corps de logis (12) séparé par un jardin planté de bosquets de lilas, de camélias, d’hydrangées, et de groupes de grands arbres ; une vérandah règne sur toute la façade. C’est là que sont les logements des domestiques spécialement attachés au service de la maison du ministre : c’est-à-dire le maître d’hôtel français, le boulanger, le lampiste, le tailleur et le blanchisseur chinois avec tout leur attirail, puis la lingerie et le magasin aux provisions contenant le vin, les conserves alimentaires

  1. Voir sur la gravure du palais de la légation française les chiffres correspondants.