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Lundi, 15 mai. — Wilson fait une conférence sur les pingouins. Dans cette causerie, il s’attache à mettre en évidence l’intérêt de l’embryologie du pingouin « Empereur ». Ponting présente ensuite quelques observations, il appelle notamment l’attention sur ce point que les « Adélies » adultes apprennent à leurs petits à nager. Le fait est contesté et à son sujet deux opinions contradictoires sont émises. Les uns prétendent que les oiseaux adultes poussent les jeunes à l’eau, tandis que d’autres affirment qu’ils les abandonnent à la rockery. Peut-être, à mon avis, le jeune Adélie doit-il apprendre à nager, comme le phoque à fourrure du Nord, mais il serait intéressant de savoir dans quelle mesure les adultes enseignent à leur progéniture l’art de la natation.

LA FIERTÉ D’UNE MÈRE.

Mercredi, 17 mai. — Au milieu de la nuit, j’entends des aboiements. Un des chiens blancs de Sibérie, me raconte-t-on, paraissant avoir une patte de derrière malade, avait été enfermé. Ce matin, on trouva l’animal mort. De plus en plus je redoute de ne pouvoir compter sur la meute et me livre à son sujet à de tristes réflexions. J’ai eu grand tort de placer ma confiance dans ces animaux pour le transport de nos approvisionnements. Les erreurs de jugement se paient. L’autopsie du chien, faite par Wilson, ne donne aucune indication sur la cause de la mort. C’est le troisième décès survenu à la station dans ces conditions. Wilson examinera demain le cerveau de cet animal.

Lundi, 22 mai. — Wilson, Bowers, Atkinson, P.-O. Evans, Clissold et moi, partons pour aller visiter la station du cap Roys. Pour tout bagage, les sacs de couchage, un réchaud et quelques provisions. Le thermomètre marque −35°, aussi la maison n’est-elle pas précisément chaude.

La surface de la banquise est recouverte d’une couche de glace de 3 à 5 centimètres, elle masque à peine les efflorescences salines. Deux heures et demie après avoir quitté la station, nous arrivons à destination. Dans la baie, au delà du cap Barne, nous tuons un pingouin Empereur. Son plumage est magnifique ; sa poitrine merveilleusement blanche réfléchit comme une glace la pâle lumière qui tombe du ciel autour de nous.

Mardi, 23 mai. — Malgré le froid, nous avons bien dormi. Dans la matinée, nous procédons au récolement des approvisionnements. Ils se composent d’un stock assez abondant de farine et de beurre danois, de pétrole et de divers autres articles en moindre abondance. Bref, cette station renferme une quantité de vivres suffisante pour un détachement pendant six ou huit mois, à condition que la consommation en soit réglée économiquement. En cas de nécessité, il y a là une réserve très utile. La cabane présente l’aspect délabré et triste des maisons inhabitées. Après avoir bu une tasse de cacao, nous repartons, emportant un ou deux morceaux de cuir et cinq livres de cantiques. Nous ne possédions que cinq de ces