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Maintenant, nous allons nous acheminer vers la pointe de la Hutte. La perte de nos poneys a bouleversé nos plans, mais, Dieu merci, nous sommes tous sains et saufs.

Samedi, 4 mars. — Hier, au début, traînage terriblement pénible ; quatre heures ont été nécessaires pour couvrir 5 kilomètres. Bowers se rend à Safety Camp.

Après déjeuner, nous poursuivons jusqu’à l’endroit où la tente avait été dressée lors de ma première rencontre avec Wilson et où j’avais laissé des skis et du matériel. Tout a été enlevé et, aux environs, la glace garde des traces de passage de traîneaux se dirigeant vers la terre, et plus loin des empreintes de sabots de poneys. Nous les suivons vers la côte et arrivons sur la plus haute des crêtes de Pram-Point, où nous décidons de camper. Entre temps, arrivent Evans et son escouade.

Dimanche, 5 mars. — Nous rejoignons le camp du lieutenant Evans sous Castle Rock, aidés par son escouade venue à notre rencontre. Laissant avec Evans, Oates et Keohane, je pars pour la « hutte » avec les six autres. La baraque est en relativement bon ordre : j’y passe la nuit.

Lundi, 6 mars. — Wilson, Bowers, Garrard et moi partons pour Castle Rock. Nous rencontrons Evans tout près de son camp. Les charges ont déjà été montées au haut de la colline et Oates et Keohane sont revenus en arrière chercher les poneys. Au sommet de la crête, les poneys sont attelés et les hommes saisissent les bretelles de halage, puis le détachement se dirige rapidement vers la cabane.

Arrivés sur la « pente des Skis », les poneys sont dételés et descendent sous la conduite de Wilson. Marcher sur la banquette de glace côtière formée de glace bleue et tombant à pic sur la mer constitue une opération singulièrement délicate. Pour s’aventurer sur un pareil terrain, il faut avoir le pied sûr. Tout le monde parvient cependant sans incident à la cabane. Les poneys sont admirablement logés sous la véranda.

Ce soir, quelle satisfaction de nous trouver tous en lieu sûr !

LE CAP ROYDS : VUE PRISE VERS LE NORD.

Mardi, 7 mars. — Hier, avec Wilson, je suis allé à Pram Point. Dans la baie derrière cette saillie de la côte, la glace est toujours en place. Les phoques s’y ébattent en grand nombre ; nous en tuons un et en rapportons presque toute la viande ainsi qu’un peu de graisse. Pendant cette promenade, nos camarades ont amélioré notre gîte. L’après-midi, nous nous mettons tous au travail ; dès l’heure du dîner, des merveilles étaient accomplies. Au moyen de caisses d’emballage et de feutre nous avons établi à l’intérieur de la hutte une galerie en forme d’L, et à l’aide d’un bidon à pétrole vide et de quelques briques on construit un petit fourneau qui a été relié au tuyau de l’ancien poêle. À part qu’il n’y fait pas précisément chaud, la « hutte » constitue un excellent abri. Les phoques de Pram Point nous fourniront toute la viande fraîche dont nous aurons besoin. De plus, nous avons trouvé ici une énorme quantité de biscuit, des monceaux de boites de cacao, de café et de thé, du sucre, du sel, du chocolat, des raisins secs, des lentilles, de la farine d’avoine, des sardines, des confitures, etc., etc. Il nous sera donc loisible de varier nos menus et de jouir d’un bien-être relatif. Cette cabane sera pour nous comme un home provisoire.

Jeudi, 9 mars. — Hier et aujourd’hui, encore travaillé à l’aménagement de la cabane. Le poêle menaçant