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ÉPITAPHE





Jeunes vierges, versez, avec de belles poses,
Versez des fleurs ! Celui qui dort dans ce tombeau
Aima d’un noble amour les vierges et les roses.

Jeune pâtre, conduis ton docile troupeau
Vers ce tertre ! Celui dont les lèvres sont closes
Paissait les rhythmes d’or sur les hauteurs du Beau.

Sur ce front éclairé, vivant, d’apothéoses,
Allume, ardente nuit, ton multiple flambeau ;
Cygnes, pour ce chanteur chantez, doux virtuoses !

Mais tous, vierges et fleurs, pâtres, étoile, oiseau,
Ne pleurez pas, malgré la plus juste des causes,
Car celui qui dort là dans un blême lambeau

Sut regarder sans pleurs les hommes et les choses.

CATULLE MENDÈS.