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vous eussiez une opinion si grossière d’un Dieu, que de croire qu’il mangerait la chair des taureaux et des boucs, et qu’il boiroit leur sang ? Sacrifiez, leur dit-il, sacrifiez louanges à Dieu, et rendez fidèlement vos vœux au Seigneur, et m’invoquez au jour de votre affliction, alors vous me glorifierez, leur disoit-il, et je vous secourerai dans vos besoins. Voilà certainement des Révélations prétenduës divines, qui seroient bien contraires à celles que Dieu auroit fait à Abraham et à Moïse, puisqu’il condamneroit et rejetteroit par celle-ci, ce qu’il auroit établi par les autres. D’où viendroit un tel changement dans un Être immuable et infiniment parfait ? Se seroit-il avisé, après un millier d’années, de vouloir réformer ce qu’il auroit mal établi ? Dira-t-’on de Lui, ce que l’on dit ordinairement d’un homme léger et inconstant : qu’il fait, qu’il défait et qu’il reprend ce qu’il a laissé, destruit, repetit, quod nuper amisit ? Que nos Christicoles le pensent, s’ils veulent, passons leur cette folie, si bon leur semble, ou si cela ne leur plaît pas, qu’ils reconnoissent avec nous la vanité et la fausseté des susdites révélations divines, puisqu’elles se contredisent et se détruisent elles-mêmes les unes les autres, et qu’elles sont si peu convenables à la souveraine Majesté et à l’infinie perfection d’un Dieu. Bien plus sagement fit Numa Pompilius, second Roi des Romains[1], qui, pour amuser paisiblement et agréablement son peuple, n’institua que des sacrifices de vin, de lait, de farine et autres pareilles choses légères, accompagnées de danses et de chansons récréatives.


  1. Apol. des Gr. hommes, pag. 192.