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si l’on croïoit tout ce qui en est raporté dans leurs Livres, ce pouvoir de faire ainsi des miracles se seroit communiqué jusques aux moindres de leurs habillemens, et même jusqu’à l’ombre de leurs corps et jusqu’aux instrumens honteux de leur mort et de leurs souffrances. Car il est dit de l’Apôtre S. Pierre, par exemple[1] que l’on aportoit les malades dans les ruës, afin que Pierre venant à passer son ombre couvrit du moins quelqu’un d’eux et qu’ils fussent guéris. Il est dit des chaines dont ce même Apôtre fut enchainé dans la prison à Jerusalem que par leur moïen se sont fait plusieurs miracles. Que n’est-il pas dit du bois de la croix de Jesus-Christ ! Il est dit que cette croix fut miraculeusement retrouvée 300 ans après sa mort, et qu’elle fut reconnue entre les autres croix où des voleurs avoient été crucifiés avec lui par des miracles et même par la résurrection de quelques morts qu’on leur fit toucher. Il est dit que l’on conserve pieusement le Bois de cette Croix que nos Christicoles apellent par excellence la vraïe croix, que l’on en donne, comme de précieuses reliques, quelques morceaux à tous les Pelerins qui vont l’honorer à Jerusalem ; mais que cependant elle ne diminue jamais de rien pour cela, qu’au contraire elle est toujours dans son entier, comme si l’on en eut rien ôté,[2] ce qui est, disent nos Christicoles, tout à fait miraculeux, puisque l’on voit par tout le monde tant de pièces et de morceaux de cette prétendue vraïe croix, que si on les rassembloit on trouveroit suffisamment

  1. Act. 5 : 15.
  2. Voïez au 3me Mai la vie des Saints.