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sont raportées que par des Étrangers, par des gens inconnus, gens sans caractére et sans autorité, et qui nous disent des choses si extraordinaires et si peu croïables ou plutôt si incroïables. Certainement il n’y a aucune certitude, ni même aucune probabilité dans ce qu’ils nous disent et ainsi ils ne méritent pas que l’on y ajoute aucune foi. Il ne serviroit de rien de dire ici comme on fait quelque fois que les Histoires qui raportent ces sortes de faits, ont toûjours été regardées comme des Histoires saintes et sacrées et par conséquent qu’elles ont toujours été fidélement et inviolablement conservées sans aucune altération des vérités qui y sont renfermées : il ne serviroit de rien, dis-je, d’alleguer cette raison en leur faveur, puisque c’est peut-être pour cette raison-là même, aussi bien que pour plusieurs autres qu’elles doivent être plus suspectes, et qu’elles auront peut-être été d’autant plus falsifiées et corrompues par ceux qui prétendent en tirer quelque avantage, ou qui craignent qu’elles ne leur soient pas assez favorables, l’ordinaire des auteurs qui transcrivent ou qui font imprimer ces sortes d’Histoires étant d’y ajouter et d’y changer ou même d’en retrancher tout ce que bon leur semble pour servir à leur dessein. Voici comme un auteur judicieux du dernier Siécle nous explique sa pensée et son sentiment sur ce sujét. L’homme, dit-il, est né menteur, il n’aime que son propre ouvrage, la fiction et la fable. Voyez le peuple, dit-il, il controuve, il augmente, il charge par grossiéreté ou par sotise ; demandez même au plus honnête homme, s’il est toujours vrai dans ses discours, s’il ne se sur-