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vice ; une jolie femme de chambre est un meuble nécessaire pour un appartement de noble dame, comme une causeuse et de riches écrans sur la cheminée : mais il était quelqu’un qui le désirait plus encore, et c’était son fils, le jeune comte de C***, un de ces fashionnables que vous avez pu rencontrer au balcon des Bouffes, et dans le bois de Boulogne où ils se plaisent à lancer leurs chevaux ; un de ces foux brillans qui s’imaginent que les chevaux et les femmes ont été créés pour l’amusement et les plaisirs des élégans privilégiés tels qu’eux. 11 épiait le passage de Marie, l’arrêtait par quelques causeries tendres et gaies, tandis que la pauvre fille, toute rouge, tournait entre ses jolis petits doigts un coin de son tablier ; il la pressait de venir demeurer au château… mais il était presque toujours interrompu par l’arrivée soudaine d’an jeune jardinier qui rôdait obstinément autour d’eux en ces momens-là.

Le jeune jardinier avait un cœur tout aussi bien que M. le comte ; et il aimait mieux ; il offrait, le dimanche, son bras à la ravissante fille, à la fois laitière et couturière du village ; dansait avec elle après vêpres, et l’accompagnait chez sa grand’mère, ce qui lui attirait bien des envieux. Un jour que Marie sortait du château avec un paquet de linge, le comte la suivit, et, la pressant de se rendre aux instances de sa mère, la pria d’accepter une bague où étiucelait un diamant… Embarras de la jeune fille, refus timide ; mais le jardinier parut,