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laquelle mon regard avait pénétré assez profondément, me tinrent éveillé avec de certains bondissements dont je n’étais pas maître.

Le lecteur ne me demandera pas d’explications, car à coup sûr, il devinera pourquoi je m’arrêtai au commencement de la route.

Mes lectrices, plus curieuses ou plus ignorantes de certains articles de notre code, voudront savoir pourquoi je n’allai pas plus loin.

Je dois dire que ce ne fut pas le désir qui m’en manqua, mais Violette, je l’ai dit, avait à peine quinze ans, elle était d’une innocence telle que c’eût été un véritable crime de la prendre à elle-même sans qu’elle sût qu’elle se donnait. Puis qu’on me permette de dire cela de moi-même, je suis une nature qui me plais à savourer toutes les délicatesses de l’amour, toutes les voluptés du plaisir. L’innocence est une fleur qu’il faut laisser le plus longtemps possible sur sa tige et ne cueillir que feuille à feuille.