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Dans leur feuillage, l’été, tant qu’il fait une lueur de jour, les pigeons ramiers se disputent les hautes branches ; puis avec le crépuscule, tout rentre dans l’immobilité et le silence.

À dix heures, la retraite bat et les grilles se ferment, et pendant les nuits privilégiées, la lune apparaît lentement, venant argenter la cîme des arbres de son pâle rayon.

Souvent, en même temps que la lune, une légère brise se lève faisant trembler la lumière dans les feuilles frémissantes qui alors semblent s’éveiller, vivre, respirer l’amour et soupirer le plaisir.

Puis peu à peu, les unes après les autres, les fenêtres deviennent sombres, la silhouette du Palais ne se dessine plus que vaguement, tranchant en noir sur l’azur nocturne et transparent du ciel.

Peu à peu aussi, les bruits de la ville s’éteignent avec le roulement lointain d’un fiacre ou d’un omnibus, et l’oreille s’épanouit à ce silence que la respiration du géant endormi trouble seule.