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lèrent et des voix furieuses répétaient : « Qu’il meure ! »

Mais Iseut s’écria :

« Roi, baise cet homme sur la bouche, ainsi que tu l’as promis ! »

Le roi le baisa sur la bouche, et la clameur s’apaisa.

Alors Tristan montra la langue du dragon, et offrit la bataille au sénéchal, qui n’osa l’accepter et reconnut son forfait. Puis Tristan parla ainsi :

« Seigneurs, j’ai tué le Morholt, mais j’ai franchi la mer pour vous offrir belle amendise. Afin de racheter le méfait, j’ai mis mon corps en péril de mort et je vous ai délivrés du monstre, et voici que j’ai conquis Iseut la Blonde, la belle. L’ayant conquise, je l’emporterai donc sur ma nef. Mais, afin que par les terres d’Irlande et de Cornouailles se répande non plus la haine, mais l’amour, sachez que le roi Marc, mon cher seigneur, l’épousera. Voyez ici cent chevaliers de haut parage prêts à jurer sur les reliques des saints que le roi