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comment, l’ayant fuie, il avait voulu aimer Iseut aux Blanches Mains ; comment il savait désormais qu’il ne pouvait vivre ni mourir sans la reine.

Kaherdin se tait et s’étonne. Il sent sa colère qui malgré lui s’apaise.

« Ami, dit-il enfin, j’entends merveilleuses paroles, et vous avez ému mon cœur à pitié : car vous avez enduré telles peines dont Dieu garde chacun et chacune ! Retournons vers Carhaix : au troisième jour, si je puis, je vous dirai ma pensée. »


En sa chambre, à Tintagel, Iseut la Blonde soupire à cause de Tristan qu’elle appelle. L’aimer toujours, elle n’a d’autre penser, d’autre espoir, d’autre vouloir. En lui est tout son désir, et depuis deux années elle ne sait rien de lui. Où est-il ? en quel pays ? vit-il seulement ?

En sa chambre, Iseut la Blonde est assise, et fait un triste lai d’amour. Elle dit comment Guron fut surpris et tué pour l’amour de la dame qu’il aimait sur toute chose, et