Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en ce monde, je jure que jamais un homme né de femme ne m’a tenue entre ses bras, hormis le roi Marc, mon seigneur, et le pauvre pèlerin qui, tout à l’heure, s’est laissé choir à vos yeux. Roi Marc, ce serment convient-il ?

— Oui, reine, et que Dieu manifeste son vrai jugement !

— Amen ! » dit Iseut.

Elle s’approcha du brasier, pâle et chancelante. Tous se taisaient ; le fer était rouge. Alors elle plongea ses bras nus dans la braise, saisit la barre de fer, marcha neuf pas en la portant, puis l’ayant rejetée, étendit ses bras en croix, les paumes ouvertes. Et chacun vit que sa chair était plus saine que prune de prunier.

Alors de toutes les poitrines un grand cri de louange monta vers Dieu.