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— Roi, dit Tristan, je n’y prendrai ni un denier, ni une maille. Comme je pourrai, j’irai servir à grand’joie le riche roi de Frise. »

Il tourna bride et descendit vers la mer. Iseut le suivit du regard, et, si longtemps qu’elle put l’apercevoir au loin, ne se détourna point.

À la nouvelle de l’accord, grands et petits, hommes, femmes et enfants accoururent en foule hors de la ville à la rencontre d’Iseut ; et, menant grand deuil de l’exil de Tristan, ils faisaient fête à leur reine retrouvée. Au bruit des cloches, par les rues bien jonchées, encourtinées de soie, le roi, les comtes et les princes lui firent cortège ; les portes du palais s’ouvrirent à tous venants ; riches et pauvres purent s’asseoir et manger, et, pour célébrer ce jour, Marc, ayant affranchi cent de ses serfs, donna l’épée et le haubert à vingt bacheliers qu’il arma de sa main.

Cependant, la nuit venue, Tristan, comme