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le retour de Tristan. À la clarté d’un rayon de lune, elle vit luire à son doigt l’anneau d’or que Marc y avait glissé. Elle songea :

« Celui qui par belle courtoisie m’a donné cet anneau d’or n’est pas l’homme irrité qui me livrait aux lépreux ; non, c’est le seigneur compatissant qui, du jour où j’ai abordé sur sa terre, m’accueillit et me protégea. Comme il aimait Tristan ! Mais je suis venue, et qu’ai-je fait ? Tristan ne devrait-il pas vivre au palais du roi, avec cent damoiseaux autour de lui, qui seraient de sa mesnie et le serviraient pour être armés chevaliers ? Ne devrait-il pas, chevauchant par les cours et les baronnies, chercher soudées et aventures ? Mais pour moi, il oublie toute chevalerie, exilé de la cour, pourchassé dans ce bois, menant cette vie sauvage !… »

Elle entendit alors sur les feuilles et les branches mortes s’approcher le pas de Tristan. Elle vint à sa rencontre comme à son ordinaire, pour lui prendre ses armes. Elle lui enleva des mains l’arc Qui-ne-faut