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sans y parvenir complètement, le conte qui la charmait aux conditions de son existence accoutumée. S’il nous était parvenu de la légende une rédaction française complète, M. Bédier, pour faire connaître cette légende aux lecteurs contemporains, se serait borné à en donner une traduction fidèle. La destinée singulière qui a voulu qu’elle ne nous parvînt que dans des fragments épars l’a obligé de prendre un rôle plus actif, pour lequel il ne suffisait plus d’être un savant, pour lequel il fallait être un poète. Des romans de Tristan dont nous connaissons l’existence, et qui tous devaient être de grande étendue, ceux de Chrétien de Troyes et de La Chèvre ont péri tout entiers ; de celui de Béroul, il nous reste environ trois mille vers ; autant de celui de Thomas ; d’un autre, anonyme, quinze cents vers. Puis ce sont des traductions étrangères, dont trois nous rendent assez complètement pour le fond, mais non pour la forme, l’œuvre de Thomas, dont une nous représente un poème fort semblable à celui de Béroul ; des allusions parfois très précieuses  ; de petits poèmes épisodiques, et enfin l’indi-