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LE PRÉSENT.

Mais hélas ! tous les fleurons ne sont pas solidement rivés, et le diadème du voyant n’est peut-être qu’un ténébreux bandeau. La lecture, par l’épigastre, la divination médicale, l’intuition prophétique sont, choses fort contestables, pour ne rien dire de plus. Que reste-t-il donc ? Un sommeil provoqué, sans conscience tant qu’il dure, sans mémoire. quand il a disparu. Ce n’est pas ainsi, que le sens divin s’éveille dans les âmes. De frivoles jongleries et une maîtrise fanfaronne ne remplaceront jamais l’aptitude personnelle et la culture morale qui prépare quelques privilégiés à de magnifiques visions.


EXTASE.


L’extase se distingue profondément du sommeil ; à l’affaiblissement de la volonté, à l’incohérence des idées, à la folie des imaginations qui caractérisent le sommeil, succèdent l’exaltation de la volonté, la continuité logique et la hauteur des perceptions qui appartiennent à l’extase. L’extatique est ravi dans un monde suprà-sensible, mais il n’est pas le jouet de folles déceptions ; ses facultés grandissent, loin de subir une éclipse momentanée ; sa volonté, au lieu de péricliter, déploie la plus formidable énergie.

L’extase présente un petit nombre de caractères toujours les mêmes : Insensibilité aux impressions extérieures : l’âme ravie par l’extase, trempée par de nobles amours, ne sent plus la pointe de la douleur, ou en savoure avec joie les plus meurtrières atteintes : — Ivresse de l’esprit qui dédaigne les perceptions vulgaires et les routes battues : tel l’initié qui pénétrait dans le sanctuaire, laissait derrière lui le peuple muet des statues et le chœur des mobiles vertus. — Don des langues : saisies par de merveilleux transports, des personnes illétrées parlent tout à coup avec une abondance d’images, avec une distinction dont on les avait jugées incapables. — Pressentiments prophétiques : sainte Thérèse est avertie, dans l’état d’oraison, de la mort d’un religieux absent, et lorsque, rendue à la vie commune, elle prend des informations, elle apprend que le religieux est mort au moment même où elle était ravie par la prière.

L’extase a trois degrés. — D’abord ce sont des images qui obsèdent l’inspiré et traduisent les vérités les plus hautes par des tableaux fa-