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LA PREMIÈRE SALLE FAVART
L’OPÉRA-COMIQUE
QUATRIÈME PARTIE
Cependant, les derniers travaux touchaient à leur fin. Le vendredi 8 mai, l’Opéra-Comique affichait, pour la première fois depuis sa fermeture à la place de la Bourse, et il annonçait sa réouverture et l’inauguration de la nouvelle salle pour le lundi 11. Mais tout n’était pas encore prêt, et l’on dut informer le public que la solennité était remise au 14. C’est la veille de ce jour, le mercredi 13, que le préfet de police faisait au théâtre sa visite administrative et que, après un examen minutieux, il recevait officiellement la salle, qui, dès lors, pouvait appeler à elle les spectateurs. Ce n’est pourtant que le samedi 16, qu’eut enfin lieu l’inauguration. Elle se fit par une représentation du Pré aux Clercs, donnée au profit des pauvres du deuxième arrondissement, qui était alors celui dont dépendait l’Opéra-Comique. Chose assez singulière : malgré une fermeture qui durant quinze jours avait privé le public d’un théâtre qu’il a toujours eu en grande affection, malgré l’attrait que pouvait lui offrir la vue d’une nouvelle salle, celle-ci était peu garnie à cette représentation d’ouverture. On pourrait croire avec quelque raison que l’élévation excessive du prix des places, qui avait été maladroitement doublé pour la circonstance, avait refroidi l’empressement de nombre de spectateurs ; mais le lendemain, qui pourtant était un dimanche, et où les prix étaient rétablis à leur cours normal, ne fut pas plus heureux. C’est un journal spécial, le Moniteur des Théâtres, qui nous le fait savoir en ces termes :
« La représentation d’ouverture de la salle Favart a eu lieu samedi par le Pré aux Clercs. La représentation était au bénéfice des indigents du deuxième arrondissement. Elle n’a pas attiré autant de spectateurs qu’on l’espérait, mais elle n’en a pas moins été remarquable. On a applaudi généralement au choix de l’œuvre d’Herold pour inaugurer le nouveau temple que possède aujourd’hui la capitale[1]. Dimanche, le spectacle se composait de la Perruche, cette amusante folie dans laquelle Chollet et Mlle Prévost savent occuper la scène avec tant d’esprit et de bonheur, et de Carline. Bien que ce spectacle fût attrayant, il y avait peu de monde dans la salle. »
Toutefois, le public ne se fit pas longtemps prier pour reprendre
le chemin de la salle Favart et de l’Opéra-Comique,
de cet Opéra-Comique qui lui était cher et qu’il retrouvait
enfin dans un théâtre et dans un milieu dignes de lui, après
l’avoir vu exilé successivement à Feydeau, puis à Ventadour,
puis à la Bourse, tandis que la salle qui avait été construite
pour lui soixante ans auparavant avait abrité tour à tour l’Opéra,
l’Odéon, le Théâtre-Italien et nombre de troupes étrangères.
Sur les ruines de cette salle, dévorée par les flammes en une
nuit d’hiver, on lui avait élevé une nouvelle demeure (qui
devait, hélas ! subir le même sort), et ses spectateurs ordinaires
n’allaient pas tarder à lui revenir, nombreux et fidèles,
attirés par une excellente administration dont les efforts intelligents
allaient, après tant d’années difficiles, lui rendre
une existence brillante et prospère.
La troupe de l’Opéra-Comique, au moment où Crosnier prenait possession de la nouvelle salle construite par ses soins, était ainsi composée :
MM. Chollet. | Mmes Damoreau. |
Moreau-Sainti. | Rossi-Caccia. |
Roger. | Eugénie Garcia. |
Couderc. | Anna Thillon. |
Masset. | Boulanger. |
Mocker. | Darcier. |
Euzet. | Zoé Prévost. |
Botelli. | Henri Potier. |
Emon. | Félix Melotte. |
Sainte-Foy. | Berthault. |
Daudé. | Blanchard. |
Henri. | Lestage. |
MM. Ricquier. | |
Grignon. | |
Haussard. | |
Duchenet. | |
Victor. | |
Palianti. |
- ↑ Le Pré aux Clercs, dont la distribution avait été renouvelée pour la circonstance, était joué par Roger (Mergy), Moreau-Sainti (Comminges), Mocker (Cantarelli), Henri (Girot), et Mme Rossi (Isabelle), Zoé Prévost (Marguerite) et Henri Potier (Nicette).